« Nous posons qu’il n’y a pas de littérature exigeante », lis-je tout à
l’heure chez Marie Cosnay.
Posons cela en effet. Moi qui me suis pendant longtemps considéré, qui
me considère encore comme un tempérament de dilettante,
voici qu’avec les années je me vois de plus en plus souvent
soupçonné d’exigence, et cela dans les deux activités que j’exerce.
Souvent c’est plutôt un compliment, parfois un gentil reproche. Je
serais, semble-t-il, un professeur exigeant. De la même manière que je serais – vous ne me ferez pas quitter le conditionnel – un écrivain
exigeant. Je n’y crois
pas une seconde. Mon exigence très relative de professeur, ce n’est que
l’estime accordée a priori à tous les élèves parce que
sans ce préalable on ne va pas bien loin. Quant à celle de
l’écrivain, je me souviens qu’on m’en a parlé dès la publication de mon
premier roman, alors que précisément j’avais pris soin d’écrire
pour l’occasion quelque chose de facile à lire et de drôle (c’est
d’ailleurs pour ça que la publication en a été si facile), assez éloigné
en réalité de mes exigences affirmées de l’époque – qui
n’ont au fond jamais vraiment eu d’existence que dans mes
intentions. Non, je n’exige rien, et reste convaincu que la lecture de
mes livres, comme celle de beaucoup d’auteurs que j’aime, est
accessible à qui en a envie. En revanche et dans un autre sens, que
la littérature ait pour moi des exigences, je le sens terriblement – au
moment d’écrire.
La clarté de l'écriture n'empêche pas l'exigence de l'écrivain.
Je voulais rajouter qu'il était évident que vous êtes un écrivain exigeant, sinon je ne vous lirais pas. On ne m'appelle pas Modeste:)
(faudrait que je sois plus exigeante à la relecture...)
Ensuite, le reste est sans doute superficiel, mais peut se voir : comme une cicatrice aussi, plus apparente alors.
Ne pas confondre l'exigence faite à soi-même et ce qu'on exige, dans la violence, des autres