dimanche 31 janvier 2010

wallabies, wannabes et wallaroos

Il me faut bien l’avouer : je maîtrise mal le français branché. Surtout quand c’est de l’anglais. Non que je connaisse si mal l’anglais, j’en ai fait un peu en fac : j’ai même lu Gulliver’s travels dans le texte. J’ai plus de mal avec l’anglais contemporain, on ne me l’a pas appris. En revanche, et heureusement, je suis assez féru de zoologie. Un peu surpris, donc, d’entendre des bipèdes parlants, assez à mon image d’ailleurs, se traiter eux-mêmes de wallabies. Le wallaby, comme chacun sait, est pour sa part un bipède assez peu disert, plutôt discret – même s’il y en eut un qui connut un grand succès sur le petit écran de notre enfance : « Skippy ! Skippy ! Noootrami-le wal-labiiii… » (Je ne suis pas bien certain en effet qu’il s’agît d’un kangourou, comme le veut la chanson. Je parierais bien sur un wallaby. A moins que ce ne fût un wallaroo.) Encore aujourd’hui, j’ai beau l’avoir compris, il me faut bien une seconde avant de saisir que sous la douce fourrure du wallaby se cache en fait un wannabe. C’est sous ce nom qu’on se désigne quand on veut être. Vouloir être ! Belle ambition. N’être pas, en effet, est une tragédie. Etre aussi, d’ailleurs ; c’en est une autre. Quant à choisir, n’en parlons pas. Cependant, certains wannabes, semble-t-il, en veulent davantage. Non contents de vouloir être ce qui est quand même déjà un beau programme, j’y adhère – ils veulent être quelque chose. (D’un coup j’adhère moins. D’ailleurs j’ai souvent l’adhésion difficile. N’aime pas ce qui colle, notamment les étiquettes. J’en ai collé, autrefois, par milliers, sur des bocaux de moules à l’escabèche ; croyez-moi : ça n’a rien de passionnant.) Par exemple, ils veulent être publiés. N’importe quoi. Ils ne le seront jamais, c’est évident. Personne, jamais, n’est publié. Dans le meilleur ou le pire des cas, c’est un sort qui est réservé aux livres, c’est même comme ça qu’ils deviennent des livres. L’auteur, ouf, reste personne, ou une personne, si vous voulez. Ou alors il devient autre chose qu’un auteur. Vouloir être, franchement, si c’est ça que ça recouvre… Un wannabe réussi, dix ans plus tard, n’est-ce pas ce qu’on appelle un has-been ? Vouloir être. Vouloir faire, plutôt ! Bon, c’est vrai que s’autoproclamer « wannado », c’est devenu moyen aussi ; excuse acceptée. Wannawork, alors ; parce  qu’œuvrer, franchement, il n’y a que ça qui compte. (Encore que buller, au fond, c’est pas mal non plus.)

Commentaires

Bouh! Me faut un wanna juice pour faire des bonds de wallaby!
(et je veux être ... euh, un wannabe? c'est bien çà? si j'ai tout compris? - mais zut pourquoi j'essaie de toujours de comprendre l'incompréhensible.)
Ah mais, je croyais que vous étiez expert ès english language!
Commentaire n°1 posté par Ambre le 31/01/2010 à 15h34
J'ai bien une licence d'anglais quelque part, mais elle n'a jamais servi. Ces choses-là, ces comme les voitures, ça rouille.
Réponse de PhA le 31/01/2010 à 16h00
Hum! Y a pas que les voitures...
Commentaire n°2 posté par Ambre le 31/01/2010 à 16h04
Ainsi donc, Skippy-notre-ami-le-kangourou n'était pas un kangourou... Secrètement, je le savais, mais le lire, là, sous mes yeux, ça m'émeut.
En tout état de cause, il reste notre ami.
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 31/01/2010 à 18h48
Avouez d'ailleurs que la chanson est bien meilleure avec "notre ami le wallaby" !
Réponse de PhA le 31/01/2010 à 20h42
Bon, à cette heure, c'est bien compliqué : vous soulevez là de nombreuses questions. Par exemple je ne me souviens pas avoir voulu être. Il faut que je m'y mette dare-dare. Mais je sens déjà que ce billet va peupler ma nuit de wannabes et wannabites de tout crins!
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 31/01/2010 à 20h01
Et pourtant vous êtes.
Réponse de PhA le 31/01/2010 à 20h59
It makes me think about that.
Commentaire n°5 posté par François Matton le 01/02/2010 à 17h43
I remember. (Alors, tu écris encore à l'encre sympathique ?)
Pour être honnête, je devrais reconnaître que moi aussi, j'ai été wannabe. Mais peu à peu j'ai oublié que je l'étais. Quand je l'ai complètement oublié, on a publié mon premier roman. Je me souviens que mon éditeur s'étonnait que je ne saute pas au plafond. Je n'étais pas du tout blasé (de quoi, d'ailleurs ?), mais je ne me sentais pas complètement concerné ; c'était mon roman qui l'était à ma place. (Cela dit, j'ai quand même appris à mieux me réjouir depuis lors.)
Réponse de PhA le 01/02/2010 à 19h03

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