Je me rends compte que je ne vais plus pouvoir compter sur mon vieux carnet vert pour poursuivre cette chronique : je ne l’ai ouvert qu’une fois en 2009. Bien sûr, c’est à cause de ces Hublots, que je viens de commencer en novembre 2008 et que j’alimente quotidiennement, à l’époque. Désormais le vieux carnet vert est délaissé ; c’est pour ça que, aujourd’hui encore, il lui reste quelques pages vierges. Ces propos ont-ils leur place ici ? Sans aucun doute puisque, blog ou carnet, il s’agit pour moi d’écrire sans publier – je serais même tenté d’écrire : d’écrire pour ne pas publier.
Je cherche dans les vieux billets de mes Hublots s’il y a quelque chose d’intéressant pour cette chronique. C’est pas gagné. Ce n’est pas la même chose que le vieux carnet vert : j’y écrivais pour être lu. C’était, sinon publié, du moins public. Et c’est pour ça que je n’y jamais parlé de ce sur quoi je travaillais sur le moment – je ne le fais toujours pas, je ne le fais jamais ; je me sens toujours très empêché de dire sur quoi je travaille. Je n’y parle pas non plus de mes soucis éditoriaux. Ça, peu d’écrivains en parlent – et c’est justement pourquoi, aujourd’hui, je le fais.
Liquide paraît au printemps, comme prévu. C’est dans l’ensemble un excellent souvenir – d’ailleurs je publie toujours chez Quidam. Évidemment, Quidam n’a pas les moyens financiers du Seuil ou de Léo Scheer ; ça se ressent dans la mise en place, mais jamais je n’ai senti un de mes textes aussi pleinement publié (la formulation est bizarre, c’est vrai, mais dit assez bien ce que je ressens). D’ailleurs le livre est lu. Il y a un véritable accueil critique. Il ne fait pas un succès de librairie mais il est lu, et bien lu. L’effacement de la personne grammaticale passe quand même plutôt inaperçu (sauf aux yeux de Michel Arrivé, mais c’est un linguiste). Ça me fruste un peu, alors que j’ai le sentiment d’avoir accompli là quelque chose d’unique dans l’histoire de la littérature de tous les temps et de toutes les langues (carrément) – mais précisément : ce qui n’existait pas n’est pas connu, et ce qui n’est pas connu n’est pas reconnaissable, même quand on vous met le doigt dessus. Mais le texte fonctionne sans que la contrainte soit clairement perçue, l’émotion y est et c’est là l’essentiel ; on n’est pas non plus là pour chercher la performance.
La seule note 2009 sur le vieux carnet vert est du 20 octobre :
« Aujourd’hui et déjà hier, avancé de nouveau Liev, qui atteint les 6567 mots. (> "Comment savoir si, regardant par la fenêtre, elle allait voir, reconnaître Liev assis à la table ?" »
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