samedi 4 avril 2020

Écrire et publier ou pas (31) (2008)


Tiens puisque ça fait 30 je vais peut-être m’arrêter là, au moins pour le moment. Ce qui suit est trop contemporain pour être raconté. Et puis vous verrez, ça a un sens de s’arrêter là.
En janvier j’envoie Mémoires des failles à Philippe Garnier, qui à l’époque est directeur éditorial chez Denoël. Ce n’est pas que je croie à une possible publication de ce texte, surtout celui-là, chez Denoël, mais j’ai la conviction que Philippe Garnier, lui, peut l’aimer – et aussi qu’il a une chance de connaître déjà mon travail puisque lui aussi a publié chez Melville. Mon père s’est perdu au fond du couloir, un petit livre étrange que j’ai vraiment beaucoup aimé. En effet, le surlendemain ou quelque chose comme ça de mon envoi, il m’écrit que Mémoires des failles le passionne, mais qu’il n’est pas sûr du tout que Denoël puisse quelque chose pour ce texte. Ça se soldera en effet par un repas à deux au restau ; Olivier Rubinstein, qui dirige Denoël à ce moment-là, n’est pas favorable. J’ai du mal avec les patrons, décidément. Mais bon, ça fait plaisir quand même.
C’est l’époque où, roulant sur la Nationale 10 – justement je vais faire reproduire le manuscrit de Liquide – en écoutant France Culture je tombe sur les Mardis littéraires de Pascale Casanova. L’invité n’est pas un auteur mais un éditeur, Pascal Arnaud. Il présente l’Ami Butler de Jérôme Lafargue, qu’il publie chez Quidam. Quidam, je ne connais que de nom. Le gars a l’air passionné. Je me dis que peut-être, je devrais lui envoyer quelque chose. La lecture de l’Ami Butler me le confirme. C’est Monsieur Le Comte au pied de la lettre que je lui envoie. Ce n’est pas un texte facile à publier, mais je ris toujours en le relisant. Et il me ressemble beaucoup. Je ne prends pas garde que le récit fait allusion, vers les premières pages, à « de peu scrupuleux quidams ». Très vite je reçois un clin d’œil de l’éditeur : « N’ayez crainte : le Quidam vous lira très scrupuleusement. » C’est engageant. J’attends un avis ; il ne vient pas.
Je continue, mais assez lentement l’écriture du roman qui à cette époque s’appelle encore juste Liev. Je lis beaucoup. L’idée d’un blog me tente. J’en lis plusieurs très quotidiennement. Le premier, ça a sans doute été les Lignes de fuite de Christine Genin ; j’y ai trouvé beaucoup d’idées de lecture. Didier da Silva et ses Idées heureuses m’y pousse un peu aussi. Bien sûr je lis aussi l’Autofictif de Chevillard, depuis le premier jour. J’ai envie d’y mettre un peu de tout. Aussi bien des avis de lecture, des billets d’humeur, des feuilletons littéraires. C’est pour Hublots, dès 2008, que je commence à concevoir Vie des hauts plateaux, qui plus tard deviendra un livre chez Louise Bottu.
Sans nouvelles de Quidam, je le relance, par acquit de conscience ; je crois que c’est mort. Pas du tout. Il me dit que Monsieur Le Comte lui plaît beaucoup, et qu’il est sûr que j’ai autre chose à lui proposer. Pas fou. Je lui envoie Liquide. Il prend tout, et la suite. On se voit, on discute. Je me souviens que très vite, on parle de littérature, de Raymond Federman, de Céline Minard : des livres que je n’ai pas écrits, qu’il n’a pas publiés.





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