jeudi 2 août 2018

Les doubles-fonds de John Herdman


J'ai beaucoup de mal avec les romans thétiques. J'appelle « thétiques » les romans qui vous disent que les choses se sont passées comme ça. Évidemment, quand j'en écris, le plus souvent j'évite que les miens le soient. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si je retrouve ce caractère non-thétique dans nombre de romans publiés par Quidam – notamment dans certains qui ne ressemblent pas du tout, par ailleurs, à ce que je fais ; ni ne se ressemblent entre eux non plus ; de l'Ami Butler de Jérôme Lafargue à la Femme d'un homme qui de Nick Barlay ; de Albert Angelo de B.S. Johnson à A tous les airs de Stéphane Vanderhaeghe, en passant par le Cahier d'Alberto de Monique Rivet. C'est aussi le cas de la Confession, de John Herdman, dont je termine la lecture à l'instant. On a l'impression d'y flirter avec le fantastique ; en effet le paysage y est écossais (comme l'auteur) et il y est question de magie, plutôt noire que blanche. Le récit y est l’œuvre d'un nègre ou plutôt d'un écrivain fantôme comme on dit dans cette langue-là, un ghostwriter payé pour écrire l'autobiographie d'un autre – mais cet autre est-il un autre ? ou bien cette autobiographie est-elle une autobiographie ? Les questions se posent, et se composent d'autres questions à l'intérieur d'elles-mêmes. Mais oui, sans aucun doute, tous les arguments sont là pour confirmer cela, mais aussi pour soutenir ceci, pourtant incompossible avec cela. L'indécision aussi bien sûr est la marque du fantastique nous rappelle Todorov (et Jean Berton dans sa postface), sauf qu'ici tout est vraisemblable, le possiblement monstrueux n'est pas surnaturel : on peut tout y croire.




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