J'ai beaucoup de mal avec les romans thétiques. J'appelle
« thétiques » les romans qui vous disent que les choses
se sont passées comme ça. Évidemment, quand j'en écris, le plus
souvent j'évite que les miens le soient. Ce n'est donc sans doute
pas un hasard si je retrouve ce caractère non-thétique dans nombre
de romans publiés par Quidam – notamment dans certains qui ne
ressemblent pas du tout, par ailleurs, à ce que je fais ; ni ne
se ressemblent entre eux non plus ; de l'Ami Butler de
Jérôme Lafargue à la Femme d'un homme qui de Nick Barlay ;
de Albert Angelo de B.S. Johnson à A tous les airs de
Stéphane Vanderhaeghe, en passant par le Cahier d'Alberto de
Monique Rivet. C'est aussi le cas de la Confession, de John
Herdman, dont je termine la lecture à l'instant. On a l'impression
d'y flirter avec le fantastique ; en effet le paysage y est
écossais (comme l'auteur) et il y est question de magie, plutôt
noire que blanche. Le récit y est l’œuvre d'un nègre ou plutôt
d'un écrivain fantôme comme on dit dans cette langue-là, un
ghostwriter payé pour écrire l'autobiographie d'un autre – mais
cet autre est-il un autre ? ou bien cette autobiographie
est-elle une autobiographie ? Les questions se posent, et se
composent d'autres questions à l'intérieur d'elles-mêmes. Mais
oui, sans aucun doute, tous les arguments sont là pour confirmer
cela, mais aussi pour soutenir ceci, pourtant incompossible avec
cela. L'indécision aussi bien sûr est la marque du fantastique nous
rappelle Todorov (et Jean Berton dans sa postface), sauf qu'ici tout
est vraisemblable, le possiblement monstrueux n'est pas surnaturel :
on peut tout y croire.
Vous n'en finissez pas de nous faire réfléchir. J'aime ça.
RépondreSupprimerC'est presque un vice.
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