On lit, et après on
oublie. Quand on lit beaucoup, c'est pire. Quand on vieillit aussi,
c'est pire. Pour m'assurer un souvenir suffisant (et encore), il faut
que je lise le livre trois fois. Deux, c'est insuffisant. La vie est
insuffisante, autant dire. Les livres dont on se souvient le mieux,
souvent, sont ceux qu'on a lus dans notre jeunesse. Parfois on s'en
souvient bien alors même qu'on a oublié le titre et le nom de
l'auteur. Toutefois, parmi ceux-là, il y en a dont je me souviens
beaucoup mieux que d'autres. Ça veut peut-être dire qu'ils étaient
meilleurs que d'autres. (Pour moi, hein, oui, pour moi ; mais ne
chipotons pas.) Ou alors, peut-être que je les ai lus trois fois et
que c'est pour ça que je m'en souviens mieux. Mais si je les ai lus
trois fois, ce qui est possible après tout, ça veut peut-être dire
qu'ils étaient meilleurs que d'autres. De ma période
science-fiction, entre dix et quatorze ans environ, je me rends
compte que je me souviens beaucoup mieux du Monde vert et de
Croisière sans escale de Brian W. Aldiss que des trois
premiers Fondation d'Asimov et de la plupart des Van Vogt.
Bon, ça ne veut peut-être rien dire, sauf que je devrais peut-être
les racheter, tiens, ces deux-là.
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