Donc Richard Millet
serait licencié par Gallimard pour avoir dit du mal de Maylis de
Kerangal. Je lis ça ici, je ne sais si c'est une information mais
enfin voilà. Apparemment, si je lis bien, l'idée de Millet c'était
d'expliquer pourquoi la littérature française est nulle. Maylis de
Kerangal est donc la littérature française, elle a dû être
heureuse de le savoir. A moins qu'elle ait été simplement surprise,
ça me paraît plus vraisemblable.
Je ne sais pas bien
pourquoi j'écris ce billet. Je me sens un peu comme Liev, là ;
je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me rappelle bien cette
histoire de pétition lors de l'affaire Breivik, oui ; j'avais
même écrit un billet dessus ; enfin j'avoue que c'était
surtout pour me payer la tête de Patrick Besson. Donc Richard Millet
va être licencié parce qu'il trouve que la littérature française
qui n'est autre que Maylis de Kerangal un peu comme Batman s'appelle
Bruce Wayne dans la vraie vie est nulle d'avoir signé une punition
contre lui. Il y a une vague apparence de logique dans tout ça
finalement. Ça vaut peut-être le coup de se poser deux ou trois
questions quand même, peut-être que mon cerveau résistera, qui
sait.
D'abord : la
littérature française est-elle nulle ? J'avoue être assez mal
placé pour répondre à une telle question : je n'ai lu qu'un
seul livre de Maylis de Kerangal, c'était Réparer les vivants.
Si Richard Millet m'avait averti plus tôt que c'était elle la
littérature française j'en aurais lu d'autres. D'autant plus que
j'ai trouvé ça bien, Réparer les vivants. Je ne dirais pas
que c'est un coup de cœur, en tout cas je l'ai lu avec un vrai
plaisir, ce qui n'est pas rien. Peut-être même avec davantage de
plaisir que Dévorations, de Richard Millet, que j'avais
trouvé intéressant aussi sans avoir été vraiment transporté
quand même. Maintenant que je sais que ça n'était pas de la
littérature française je me dis que c'est moins grave.
Allez, prenons des
risques. Remettons en question la thèse de Millet. Maylis de
Kerangal est-elle vraiment la littérature française ? Pourquoi
la littérature française ne serait-elle pas quelqu'un d'autre ?
Pourquoi, soyons fous, ne serait-elle pas Richard Millet en
personne ? Là, je devine pourquoi non : Millet veut être
tout seul. Il n'a besoin de personne en Harley-Davidson. Richard
Millet, ce n'est pas la littérature française, c'est le Christ
gravissant le Golgotha. Son licenciement de chez Gallimard, c'est un
clou supplémentaire, l'occasion rêvée d'un soupir de jouissance ;
réjouissons-nous avec lui.
Maylis de Kerangal, au
contraire, représenterait, résumerait à elle seule toute la
littérature française. Volodine, c'est Maylis de Kerangal. Marcel
Cohen, c'est Maylis de Kerangal. Céline Minard, Eric Chevillard,
Pierre Alferi, autant de visages de Maylis de Kerangal. Ne parlons
pas de Pierre Michon ou d'Eugène Savitzkaya. Quand Raymond Federman
est mort, nous avons perdu un peu de Maylis de Kerangal. Si la
parenté entre ces différents auteurs vous échappe, dites-vous
qu'elle s'appelle Maylis de Kerangal.
Bon. On aurait pu espérer
aussi que Millet dénonçât en même temps un certain simplisme de
la pensée critique, qui réduit les auteurs à des emblèmes. Mais
non, visiblement on ne peut pas l'imaginer. Millet ne pense pas la
même chose que d'autres représentants du milieu littéraire,
politiquement c'est évident ; en tout cas il pense de la même
manière : par raccourcis. (Par exemple : confondre la
littérature et sa représentation.)
Il est pas mal, ce nouvel
ordi. Oui j'en ai changé, le précédent allait sur ses quatorze
ans, deux fois l'âge de raison de le changer. Il me restait à
écrire un truc avec, n'importe quoi peu importe ; c'est fait.
A propos de cette affaire
ridicule, on lira avec plaisir sur Causeur l'article de Matthieu Falcone, qui prétend défendre Richard Millet en rappelant
qu'il est l'éditeur d'Aurélien Bellanger. Ça s'appelle un coup bas
ou je ne m'y connais pas.
Je ne connais pas beaucoup Jean Marie Millet mais j'aime beaucoup Maylis Ernaux qui ne l'aime pas beaucoup et Maylis Pagès qu'il semble ne pas beaucoup apprécier... Certes, heureusement quand même que la littérature française ne se limite pas à Maylis de Kérangal ! Ainsi, hier matin, à la fête du livre de Bron (à côté de Lyon) j'ai eu la chance de voir et d'écouter Maylis Cohen et l'après midi, après être passé chez ma libraire pour acheter (avec un peu de retard) "Charognards" de Maylis Vanderhaegue et "L'Autofictif doyen de l'humanité" de Maylis Chevillard, d'écouter et de voir à la bibliothèque de la Part-Dieu, Maylis Laupin qui à reçu le prix Maylis Kowalski de poésie... Demain soir j'irai écouter Maylis Vinau qui recevra le prix Maylis Leynaud de poésie (parce qu'en ce moment, c'est le printemps des poètes à Lyon et environs !)... Enfin je vous raconte ma vie tout simplement pour transmettre à Marine Millet qu'en étant un peu curieux on s'aperçoit fort heureusement que toute la littérature française n'est pas nulle et que j'aimerai bien que Maylis Jourde lui règle son compte à celui-la aussi ;)
RépondreSupprimerEcouter Maylis Cohen, vraiment ? Vous êtes un sacré veinard !
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