Tout
en parlant, elle m’arrachait mes vêtements, puis elle se déshabillait
lentement à son tour, presque cérémonieusement, ses
seins monstrueux déferlaient sur moi avec un grondement sourd
d’avalanche, ils me recouvraient eu à peu, j’avais beau essayer de me
débattre j’étais submergé, je n’apercevais même plus le sourire
radieux de Luis Mariano, ni les plantes vertes, ni l’horrible
tapisserie représentant des légumes, un potager de cauchemar, avec des
topinambours, des raves, des choux, des carottes verdâtres,
des asperges violettes, j’étais dans le noir, j’entendais encore
Madame C. dire faiblement que tous les habitants de l’immeuble avaient
des waters individuels, sauf elle, si c’était pas un
malheur une chose pareille, une cuvette étincelante, on pouvait se
voir dedans avec les produits modernes, une lunette en velours ou en
fourrure, une chasse d’eau en or massif, plus belle que le
Chah d’Iran et la Chahbanou réunis, des bidets en porcelaine qu’on
pouvait se laver au Champagne dedans, ces visions paradisiaques
semblaient l’exciter terriblement, tandis qu’elle
m’engloutissait, elle était déjà toute marécageuse, elle me remuait
brutalement en elle tout en me tenant les pieds pour m’empêcher de
gigoter, et puis, lorsqu’elle avait bien joui, après avoir
poussé un meuglement qui faisait trembler les murs, elle m’expulsait
de son formidable vagin, me laissant seul sur le plancher comme un roi
dépossédé, trempé de la tête aux pieds, incapable de
dire un seul mot. Lorsqu’elle me voyait trop longtemps demeurer
accroupi par terre, d’un air absent, Madame C. m'ordonnait d'aller me
laver en me donnant une grande claque sur les fesses.
« Allez, hop, mon petit bonhomme, à la douche ! »
Jean-Pierre Martinet, La grande vie, l’Arbre vengeur, 2012, p. 18-20.
Grande idée qu’ont eue les éditions de l’Arbre vengeur de rééditer ce très grand petit texte.
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