mercredi 24 octobre 2012

hommage à l’indocilité


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« Sont indociles pour moi des artistes qui interrogent la forme, la réinventent. Peuvent requérir une participation active de la part du lecteur. Qui ne se lovent pas dans la facilité de la mode. Qui n’hésitent pas à déjouer les notions de genres, de frontières. Qui sont mus par la nécessité. »
 
Ces quelques mots d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui déjà me parlent. Je les lis dans l’introduction à Indociles, l’essai que Laure Limongi consacre à quatre auteurs qui pourraient être quarante ou quatre cents peut-être, on ne sait pas – mais ce que je sais c’est que parmi ces quatre-là il y en a deux (il y en a seulement deux car je ne suis qu’un petit lecteur) qui pour moi comptent déjà : B.S. Johnson et merci à Pascal Arnaud, Hélène Bessette et merci à Pascale Petit. (Je me dis comme ça que dans cette belle histoire intime et singulière qu’est la lecture chaque livre a son passeur, dont on devrait retenir le nom. Pour Denis Roche et Kathy Acker dans la mienne, ce sera sans doute Laure Limongi.)
C’est aussi qu’hier soir j’étais à la soirée que la librairie le Comptoir des Mots organisait à l’occasion de cette parution, consacrée à des auteurs trop peu connus du public, déjà disparus pour trois d’entre eux, méconnus à cause d’un durable malentendu selon lequel le simple fait de ne pas se conformer docilement à des modèles préexistants suffit à vous faire étiqueter d’avant-garde (mais de quelle armée et pour quelle bataille, le saura-t-on un jour ?) et illisible voire au mieux réservé à quelques intellectuels overlettrés – quand on n’attend rien d’autre du lecteur qu’il accepte de temps en temps de se promener sur des chemins simplement moins balisés que ceux dont il a l’habitude, parce que c’est là sans doute que se joue l’aventure, loin des valeurs supposées sûres et des considérations strictement marchandes qui président aux éphémères succès d’aujourd’hui.
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Commentaires

Je suis tombée une fois sur une "mauvaise" passeuse. Avis qui n'engage que moi. Je veux dire que je n'aimais pas du tout son écriture ni sa façon de vouloir voler la vedette à son "sujet" qui était Isabelle Eberhardt. Cependant, celle-ci semblait si étonnante que je suis passée outre la passeuse. Bien m'en a pris. Morte trop tôt, cette Isabelle-là, à 26 ans, emportée par la crue de l'oued auprès duquel elle louait une très humble maison. Dans le fatras retrouvé, parmi les manuscrits effacés, on a pu sauver quelques bribes remarquables....
Commentaire n°1 posté par Michèle le 24/10/2012 à 17h41
Peut-être pas si mauvaise, alors.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h12
C'est beau ce que vous écrivez là, sur le sujet du "passeur".
(Commentaire bref mais intériorité intense:)).
Commentaire n°2 posté par Ambre le 24/10/2012 à 22h51
Les passeurs sont discrets jusqu'à l'oubli. Rappelons-les-nous de temps en temps.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h14
Le mot indocile, un manifeste littéraire à lui seul.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 25/10/2012 à 09h57
Déjà, oui.
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 15h14
L'avant-garde-robe ou l'art de se vêtir, à ne pas confondre avec l'après-garde-robe-de-chambre (la mort, la littérature actuelle, les rillettes du Mans, etc.).
Commentaire n°4 posté par David Marsac le 26/10/2012 à 09h03
Réponse de PhA le 26/10/2012 à 16h13

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