mercredi 17 octobre 2012

« du même auteur »


Arrivé à la plage, je dépose ma pelle fuchsia. Je me suis assis entre deux mondes. A la lisière du sable humide, j’érige pour moi seul le château. Je reste cohérent. Oui, pour qui me regarde, pour celle que l’ennui distrait un temps de son livre, j’ai de toute évidence des enfants pour qui je me plie à la tâche et je modèle : ils ont couru là où tous les enfants sont. Elle voit un père qui creuse sans ridicule, dans un rythme soutenu, curieux, et qui plonge ses mains rien moins que dans l’enfance, mais ce n’est plus la sienne. Sinon, pourquoi toutes ces tours, leurs créneaux malhabiles ? Les derniers coups de pelle réveillent une douleur et je termine le château au ralenti. Je prends du recul et contemple l’absurdité des lieux. La mer s’est retirée, seule ma citadelle casse la ligne du sable lissé. Il est trop tôt, j’ai éventré la plage, je n’ai rien à faire ici. Tout à coup ma musique intérieure se meurt. Je déchante instantanément. Je suis seul.
 
Nicolas Le Golvan, Reste l’été, Flammarion, 2012, p. 64-65.
 
http://www.rentreelitteraire-flammarion.com/images/Couvertures/nicolas-le-golvan-reste-l-ete.jpg
 
Voilà, je lis ce roman, Reste l’été, de Nicolas Le Golvan, et je peux dire que c’est un beau premier roman, un roman de la rentrée littéraire, qui traite avec sensibilité d’un thème pourtant rebattu à la banalité terrible, une séparation, un désamour qui s’inscrit sur un autre, une sorte d’enfance qui redouble. Ça me rappelle un peu quelque chose, dit comme ça ; j’ai commis un livre un peu sur le même thème, en considérant que ce n’était qu’un thème, comme on dit en musique je crois, et que le sens n’était pas cela. Pas vraiment cela.
Je choisis un extrait pour ce blog que je scanne parce que je suis paresseux des doigts mais mon OCR est facétieux, c’est souvent qu’il me fait des farces souvent révélatrices, je devrais m’en servir plus souvent, et allez savoir pourquoi je lis ceci :
 
Je prends du recul et contemple l’absurdité des lieux. Gaza.
 
J’imagine que c’est parce que sur la page d’à côté il y avait Gavalda et que le nom était coupé par le scanner (la page d’à côté est encore sur la plage).
Je me rends bien compte qu’en écrivant cela je (ou plutôt mon OCR) trahis Nicolas Le Golvan qui n’a pas écrit Gaza mais Le Golvan peut-être aurait pu le faire – me dis-je. Après tout. Car si parmi les nombreux romans de cette rentrée j’ai eu l’idée de lire celui-ci c’est que le nom de l’auteur a attiré mon attention. Le nom mais juste de famille, hein. Le Golvan : rappelez-vous.
Eh bien c’est le même. C’est le même parce que c’est écrit dedans, à « du même auteur », aux éditions Les doigts dans la prose, Dachau Armabafra, de Le Golvan. Le Golvan sans Nicolas. Sans Nicolas, Le Golvan écrit un récit qui n’est pas un roman traditionnel (franchement pas) et qui donne (à moi, en tout cas) l’envie d’en lire plus. Avec Nicolas, Le Golvan joue le jeu d’un roman assumé et néanmoins très silencieux, qui en dit sans doute plus sur l’être que sur l’événement qui sert de thème – de révélateur. Et encore une fois, l’envie d’en lire plus.
http://a4.idata.over-blog.com/159x240/3/91/90/37/Blog/Dachau-a-plat.png

Commentaires

Oui, même si Le Golvan n'est pas dans la liste (des prix)...
Joli rebond à partir des "facéties" du scanner : cet outil (médicinal aussi) demeure assez mystérieux avec son rayon qui se balade.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 18/10/2012 à 10h18
Je me demande si je ne vais pas utiliser mon scanner comme secrétaire, j'aime son sens de la poésie.
Réponse de PhA le 18/10/2012 à 17h06
Lire c'est découper. Lisant l'extrait je me suis dit que Le Golvan avait plus d'un livre dans son sac, plus d'un style et d'une tonalité. À peine si je l'ai reconnu. Lire c'est découper. – Qui est Gavalda ?    
Commentaire n°2 posté par David Marsac le 18/10/2012 à 21h27
Oui - et cette diversité me parle.
(Gavalda ? Elle était à la plage suivante.)
Réponse de PhA le 19/10/2012 à 18h55
BOnjour Annoques !
Qu'est-ce que c'est que cet extyrait (vive les gros doigts, voyez?)! Pour moi, il était clair que les bronzeurs couvaient des moines (ah! les gros doigts!!!) antipersonnel : va-t-en bouger ! Va-t-en prendre la route jusqu'à Dachau ou Pétaoune ! BOum.
Tu me feras la plaisir de lire au détecteur de mé&taux à l'avebnir, et de te fâcher une fois pour toute avec Marsac, érotomane du carton, et les poules seront gardées, les choses à leuirz plavced et riej ne nous fertéa& plis jammioas peur.
Bisers expezress.
LE GOlvcan
Commentaire n°3 posté par LE GOLVAN le 21/10/2012 à 11h12
Chouette, la déglangue !
Réponse de PhA le 22/10/2012 à 18h28
Proposition à MArsac: 
trouvez-vous un auteru presszé à gros doigts. POoesie gaantier!
 
Faire suivre; sto !
Commentaire n°4 posté par LE GOLVAN le 21/10/2012 à 11h15

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