J’apprends
avec plusieurs mois de retard la mort de Christophe Martinez. C’est
vrai que je ne le connaissais pas bien, ne
l’avais rencontré qu’une fois ou deux ; nous avions un peu
correspondu toutefois – et j’aimais bien ça. Il avait la passion de la
lecture, et je ne savais même pas qu’il avait aussi celle
des hauteurs (mais n’en suis pas surpris) ; c’est celle-là qui l’a
emporté.
La lecture est une passion bien sûr mais parfois c’est aussi un talent, qui n’est pas si répandu. Certains trouvent même les
mots pour partager, à l’heure d’Internet ouvrent un blog – celui de Christophe, Ed Wood de ce côté-ci de la Toile, c’était la Taverne du Doge
Loredan : il avait le sens de l’accueil, et c’est sur un autre de ces blogs que j’apprends si tard la
nouvelle (pourtant Romain Verger aussi…)
Le
lecteur je n’y pense pas, je n’y pense jamais au moment de l’écriture.
Pourtant c’est bien au moment de la lecture que le
livre existe enfin, à chaque fois différent, à fois singulier. Le
lecteur a sa part dans l’œuvre qui sans lui reste avortée, il n’y a pas
d’autres mots. Ce soir le lecteur c’est une petite
silhouette là-haut sur la montagne. Mais sa taverne reste ouverte et
la table y est mise.
Heureusement que vous ne pensez pas au lecteur en écrivant vos ouvrages, l'essentiel étant qu'en lisant un auteur le lecteur soit persuadé que ce livre n'a été écrit que pour lui, tant les mots lui parlent. C'est ainsi que le lecteur participe modestement à votre création.