vendredi 28 septembre 2012

Hommage au Lecteur

J’apprends avec plusieurs mois de retard la mort de Christophe Martinez. C’est vrai que je ne le connaissais pas bien, ne l’avais rencontré qu’une fois ou deux ; nous avions un peu correspondu toutefois – et j’aimais bien ça. Il avait la passion de la lecture, et je ne savais même pas qu’il avait aussi celle des hauteurs (mais n’en suis pas surpris) ; c’est celle-là qui l’a emporté.
La lecture est une passion bien sûr mais parfois c’est aussi un talent, qui n’est pas si répandu. Certains trouvent même les mots pour partager, à l’heure d’Internet ouvrent un blog – celui de Christophe, Ed Wood de ce côté-ci de la Toile, c’était la Taverne du Doge Loredan : il avait le sens de l’accueil, et c’est sur un autre de ces blogs que j’apprends si tard la nouvelle (pourtant Romain Verger aussi…)
Le lecteur je n’y pense pas, je n’y pense jamais au moment de l’écriture. Pourtant c’est bien au moment de la lecture que le livre existe enfin, à chaque fois différent, à fois singulier. Le lecteur a sa part dans l’œuvre qui sans lui reste avortée, il n’y a pas d’autres mots. Ce soir le lecteur c’est une petite silhouette là-haut sur la montagne. Mais sa taverne reste ouverte et la table y est mise.


Commentaires

Bel hommage au Lecteur et belle réflexion sur le rapport écrivain/lecteur dont je suis depuis longtemps convaincue.
 
Commentaire n°1 posté par Michèle le 28/09/2012 à 23h08
Et celui-là va nous manquer.
Réponse de PhA le 29/09/2012 à 10h35
Bien que connaissant très mal Christophe, j'étais allée plusieurs fois lire son blog, que je trouvais d'une grande finesse. Triste nouvelle, et très bel hommage de ses amis.
Commentaire n°2 posté par Sophie K. le 29/09/2012 à 12h02
Oui.
Réponse de PhA le 30/09/2012 à 15h33
Un bel hommage de Romain Verger en effet pour Christophe Martinez dont l'existence m'était inconnue. Il a écrit d'ailleurs un joli texte sur votre Liquide.
Heureusement que vous ne pensez pas au lecteur en écrivant vos ouvrages, l'essentiel étant qu'en lisant un auteur le lecteur soit persuadé que ce livre n'a été écrit que pour lui, tant les mots lui parlent. C'est ainsi que le lecteur participe modestement à votre création.
 
Commentaire n°3 posté par Ambre le 29/09/2012 à 13h25
Oui, évidemment c'est un plaisir égoïste, mais précieux néanmoins, que celui d'être si bien lu.
Réponse de PhA le 30/09/2012 à 15h39
Merci Philippe pour cet hommage à Chris. Oui, c'était un lecteur d'exception. C'est lui qui m'a fait découvrir votre oeuvre... C'était le garçon le plus incroyable et le plus adorable du monde, aussi. Un funambule, un passeur, un homme de partage. Et finalement, cette circulation de l'auteur au lecteur (et inversement), quand elle peut prendre corps comme avec lui, est un bonheur, un privilège. Dans le chagrin, les mots comme ceux que vous écrivez se matérialisent et diffusent leur chaleur. Pour moi comme pour lui, il n'est jamais question de fiction; ou alors, elle est un outil. Les mots sont l'émanation de l'être, c'est ce qui compte.
Commentaire n°4 posté par Anne-Françoise le 01/10/2012 à 21h18
Merci Anne-Françoise pour votre passage. Je ne me voyais pas ne rien dire pour ce jeune homme au regard si juste et si honnête.
Réponse de PhA le 03/10/2012 à 14h35
 

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