Cette pénurie de
boudin – créole comme il se doit – de l'autre jour doit
évidemment quelque chose à ma créolité délavée (et même à mon picardisme
oublié, mon artésianité méconnue). Hier en voiture (ou
avant-hier ?) j’écoutais avec envie Jacques Schwarz-Bart, le fils de
Simone et d’André, affirmer sa capacité à assumer dans son entier
chacun de ses deux héritages. A grandir dans des lieux
sans nom on la perd sans doute au moins en partie, cette capacité.
C’est juste un constat, je n’ai pas la fibre identitaire, malgré
l’« actualité », je ne suis pas du genre à
m’encombrer d’un lourd bagage – mais quand même. Toujours un peu
d’envie à voir ces gens capables de vous montrer un point sur la carte
et de dire : c’est de là que je viens
(souvenir notamment de la lecture de Martine Sonnet, et aussi d’une conversation avec Gabriel Bergounioux).
Quelque chose comme une histoire de légitimité. Jamais je n’oserai dire, sans au moins préparer les bémols
nécessaires : je suis (ceci ou cela). C’est peut-être pour ça qu’on ne se sent pas un.
(Déjà en classe :
pas fichu de savoir quel bac passer avant la terminale déjà bien
avancée, ni de savoir quelle sera la première langue ; puis de savoir
quelles études faire, au point de se retrouver – si
vous en connaissez d’autres avertissez-moi, on ouvrira un club –
titulaire du Capes avant la licence, de l’agrégation avant
la maîtrise.) C’est peut-être pour ça que les livres
assument une apparence de surface si disparate. « Parce que j’ai des
nègres – entre autres – dans mes ancêtres » en réponse n’est peut-être
pas qu’une boutade. C’est peut-être pour ça
que Liquide est liquide – j’en profite pour rassurer
certains lecteurs, il y en a eu quelques-uns quand même : rien de ce qui
y est raconté ne m’est arrivé (ouf ! d’ailleurs),
sauf, très métaphoriquement, cette absence d’un point d’ancrage.
M’en voici un, désormais : ce nom que j’ai tant de mal à reconnaître sur
la couverture. Je suis donc écrivain. Et je
suis professeur aussi, tiens. Deux c’est mieux qu’un. (D’où ce même nom sous la
couverture.)
Commentaires
Heureusement qu'on ne se sent pas un, même si parfois ça peut être dangereux !
Commentaire n°1
posté par
dominique boudou
le 12/12/2009 à 18h39
Et à trop se sentir un, on court - voire on cause - peut-être d'autres dangers.
Réponse de
PhA
le 12/12/2009 à 19h24
"Cette pénurie de boudins", mon pauvre Philippe, vous voici fiché chez
les "Chiennes de garde" ou "Ni ceci Ni cela". Adieu la quiétude...
Commentaire n°2
posté par
Depluloin
le 12/12/2009 à 18h54
Ouh l'affreux qui glisse un s perfide dans mon innocent billet !
Réponse de
PhA
le 12/12/2009 à 19h30
Ah bon? ... (innocent) ... Ah bon? Oh eh bien en ce cas veuillez me pardonner...
Commentaire n°3
posté par
Depluloin
le 12/12/2009 à 19h38
Si "Deux c'est mieux qu'un" pourquoi pas de pseudonyme alors ?
Commentaire n°4
posté par
Chr.Borhen
le 13/12/2009 à 16h59
L'idée m'a traversé. Mais prendre des pseudos, même plusieurs, c'est encore nommer. Sans doute ai-je trop lu l'Innommable. (J'ai vraiment beaucoup lu l'Innommable.)
Réponse de
PhA
le 13/12/2009 à 20h48
Même question que Borhen.
Commentaire n°5
posté par
Anna de Sandre
le 13/12/2009 à 17h13
Copieuse !
Réponse de
PhA
le 13/12/2009 à 20h49
bon, j'ai commandé Liquide... mais le manuel de dictées euh j'attendrai la rentrée...
Commentaire n°6
posté par
Juliette Mézenc
le 15/12/2009 à 13h27
Merci Juliette, mais vous ratez mon best-seller, définitivement épuisé
d'ailleurs après la 4e ou 5e réédition (je ne les compte plus) ! Face à
l'orthographe, la littérature fait-elle le poids ?
Réponse de
PhA
le 15/12/2009 à 13h56
je suis KO, moi qui jubilais déjà à l'idée d'offrir votre best-seller à
mon grand de bientôt 15 ans pour son anniversaire, va falloir que je
trouve autre chose...
Commentaire n°7
posté par
Juliette Mézenc
le 15/12/2009 à 15h15
Le pauvre ! Comme il va être déçu !
Réponse de
PhA
le 15/12/2009 à 15h23
vous n'y pensez pas, je ne lui avais rien promis (fine mouche la mère,
et de la bouteille surtout), ce genre de fausse joie, à 15 ans, ça vous
flingue un môme !
Commentaire n°8
posté par
Juliette Mézenc
le 15/12/2009 à 15h31