Rima tire sur du vide. elle en défait les nœuds transparents. les boucles inapparentes mais bel et bien existantes se dénouent, sous la forme de frisures enroulées comme la mémoire d’un prisonnier. habitant le sang et courant sous les doigts, habillant le regard de leurs intrigues aux embrouilles millimétrées et rouges, les nœuds jamais ne s’arrêtent. intrigants sanguinaires et escrocs facétieux du réel, ils remplissent de leur puissance chaque geste peuplé de l’instant. habités et parcourus par diverses et discrètes amnésies afin de supporter le spectacle non écrit qui se déroule dans leurs nuées. ce n’est pas comique. c’est une ironie tragique, jaune et noire et rouge. beaucoup de noir. c’est le noir du pauvre se fondant dans la couleur de l’asphalte. Rima déroule ses accumulations pour ouvrir l’entendement sur les hauteurs domestiques. c’est alors qu’elle lie connaissance avec un aujourd’hui tout simple, nu. il la regarde. elle vient tout juste de l’éplucher. c’est en lui qu’elle rencontre le bâtiment chancelant de la parole.
Marie Rousset, les Carrés de Rima, éditions de l’Attente, 2021.
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