Après E, rien jusqu’à L. L comme Liquide. Liquide, c’est un roman cher à mon cœur. C’est le premier paru chez Quidam, en 2009 ; il y en aura six autres – et plus, j’espère. Je me souviens que, lorsque je l’ai commencé (à la fin de l’année 2002), je ne savais pas s’il était possible d’écrire tout un roman « comme ça ». « Comme ça », c’est-à-dire en effaçant la personne grammaticale tout en plaçant le lecteur dans la conscience du protagoniste. C’était déjà une pente naturelle de mon écriture, il fallait que j’aille jusqu’au bout. Le héros de Liquide souffre d’un effacement de la personnalité, à force de se conformer aux différents rôles que la société attend de lui – comme un liquide prend la forme du récipient. À ma connaissance, c’est le seul récit de toute l’histoire de la littérature, n’ayons pas peur des mots, entièrement mené à la personne zéro (sans que la langue en souffre, évidemment), mais c’est aussi l’un de mes livres où l’émotion reste la plus forte à la lecture. L’effacement de la personne – la personne zéro – était le moyen d’exprimer par la langue même la violence du conformisme social. Je me souviens aussi que, quand j’ai terminé l’écriture de Liquide, j’ai eu la conviction c’était ce que j’avais fait de mieux (c’était mon quatrième livre publié, au cours d’ailleurs d’une sorte de conjugaison inversée : j’ai écrit mon premier à la troisième personne, mon deuxième à la deuxième…) et même que c’est tout simplement un texte qui compte. Cette conviction, que Quidam a partagée, je l’ai encore, au point que je n’ai aucune pudeur à l’affirmer haut et fort.
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