mardi 16 février 2021

La Folie de ma mère

« Une dame me propose un yaourt. Elle a l’air gentille. Je plonge la petite cuillère dans dans le pot. La dame m’arrête : on dit merci maman. »

Ainsi commence le nouveau roman d’Isabelle Flaten, récemment paru au Nouvel Attila, et dont je viens de terminer la lecture. Il s’intitule La Folie de ma mère. C’est un titre immédiat, qui dit crûment et sans détour ce qu’il a à dire ; on n’est pas trompé sur ce qu’on va lire : « folie », mais aussi « mère », et plus encore : « ma ». Il y a trois parties, qui correspondent à des prises de conscience successives de la narratrice (à ce titre je me félicite de n’avoir pas lu la quatrième de couverture avant de commencer ; elle en dit un peu trop à mon sens et je me suis pris un coup au ventre à la troisième partie, qui tient à la proximité qui s’est instaurée entre le lecteur et la narratrice ; ce serait dommage que vous ne vous le preniez pas vous aussi). Car le talent d’Isabelle Flaten tient précisément au caractère im/médiat de son récit. Il n’est pas anodin qu’il soit entièrement mené au présent. On voit ce qui se passe par les yeux de la petite fille, de l’adolescente, de la jeune fille, de la femme, avec les yeux qui sont les siens à ce moment-là. Avec ses yeux qui ne voient pas tout, d’une part parce qu’elle essaie déjà de vivre sa propre vie (qui n’est pas le sujet du livre ou ne l’est qu’en creux), qui ne voient pas tout surtout parce qu’ils sont empêchés de tout voir : la fillette, l’adolescente, la jeune fille a grandi dans un silence concerté, dont elle ne prend conscience et dont elle ne devine le sens qu’au fil des années. Un beau récit, très fort, dont on ressort secoué.



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