Cela fait des années maintenant, depuis la publication d’Hoffmann à Tokyo en 2007, que je suis la phrase de Didier da Silva, comme un sentier dans la forêt, l’auteur est bien nommé ; il a ses détours et ses surprises. C’est un fil surprenant qui se surprend à prendre conscience de lui-même lorsque paraît en 2014 l’Ironie du sort, rappelez-vous, où ce fil prend d’ailleurs un temps la forme d’une corde en référence, celle d’Hitchcock, premier vrai-faux plan séquence évoqué par notre auteur qui, Louange et épuisement d’un joursans fin le confirmera l’année suivante, est aussi cinéphile. Or au cinéma, c’est bien le plan-séquence qui fait le fil – et parfois carrément même le film. Le Dormeur est un film de Pascal Aubier, un court-métrage oublié, tourné durant l’été 1974, que Didier découvre par hasard, et qui aussitôt le réjouit. Le Dormeur est aussi un poème pas du tout oublié quand il est du val, Arthur Rimbaud n’était pas cinéaste, son sonnet est bien pourtant déjà un plan-séquence. C’est lui qui inspire Pascal Aubier quand il découvre la Louma, invention de Jean-Louis Lavalou et Alain Masseron, et qui permet Pascal, Didier nous le raconte mais pas seulement, de réaliser le plan-séquence écrit par Arthur. Regardez le film, c’est court et beau comme un sonnet ; lisez le livre, c’est beau et sinueux comme un plan-séquence : beau et sinueux comme la phrase même de Didier da Silva.
Le Dormeur vient de paraître aux éditions Marest.
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