dimanche 3 novembre 2019

Un libraire impromptu

Demain, c’est la rentrée. Je vais retrouver mes élèves, éternels 6e notamment depuis des années ; je ne vous dirai pas combien. J’en parle rarement sur ce blog, dévolu à une autre activité ; en effet il y a la plupart du temps, et je le déplore, trop peu de relations entre l’enseignement du français en collège et la littérature contemporaine. Il arrive pourtant que les deux se croisent, et parfois de façon tout à fait impromptue – on ne saurait mieux dire. Il s’est ouvert à l’hiver dernier, au 48 rue Sedaine dans le 11e arrondissement de Paris, une librairie ainsi nommée que j’ai découverte il y a quelques semaines à l’occasion d’une rencontre en l’honneur du quarantième anniversaire des belles éditions Verdier. Or voici que le maître des lieux et hôte de la rencontre me regarde avec insistance, avec un sourire qui, mais oui, je connais ce visage, mais bon sang, où donc ? avant de m’appeler « Monsieur Annocque ». Or s’il arrive parfois qu’un libraire me reconnaisse, c’est plutôt « Philippe Annocque » qu’il interpelle. C’est que Jérémie Derny n’avait pas l’habitude de m’appeler autrement lorsque, dans une autre vie, je fus son professeur de français en 6e. C’était, avouons-le, il y a plus de vingt ans, et pourtant je me rappelle parfaitement sa bonne humeur sans faille et son enthousiasme, que m’avait annoncés son grand frère que j’avais en classe l’année d’avant – l’une de ces phrases qui se gravent dans la mémoire d’un professeur. Cette bonne humeur et cet enthousiasme de Jérémie, il est pour vous aussi maintenant, si vous passez par la rue Sedaine, même le soir, par exemple jeudi prochain pour y écouter Sébastien Smirou et Yaël Pachet. Quant à moi, je le remercie de réconcilier mes deux métiers, et souhaite un bel avenir à l’Impromptu.

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