– Écrase ma prune sur ton genou que son noyau au grand jour
paraisse, que mon jus à ton poil se lie.
–
Sois si près de mon œil des deux yeux fondus, prends la plus longue
lèvre, trouve ce que la gousse cache de grains, dis-m’en le
nombre.
–
Garde mon sein dans ta main, suce l’autre dans ta bouche, tiens les
deux, lèves-en un, suce l’autre.
–
Fends ma figue du tranchant de ta main que la partie gauche de la
droite s’écarte, que dans l’écart l’ergot darde.
–
Sois en moi, passe l’os, dis bonjour à ma pondeuse, dis coucou à
mon œuf, il se cassera demain.
–
Ramone ma moelle jusqu’à la tête, porte en avant puis en arrière
pour mieux avancer comme fait la grande balançoire.
–
A califourchon j’irai plus vite, demain sur ton genou poilu,
cheval, à cheval sur ton dos et mes lèvres à la pointe de tes
vertèbres, j’irai plus vite.
Gruche
copule avec Matelin et cela fait de nombreux Gruche-Matelin dont une
branche donne des académiciens et des régisseurs et une autre des
coquins et des maquerelles à profusion, certains muets ou sourds et
d’autres aphasiques ou apraxiques. Mignon se lie avec Uranie, une
Uranie-Mignon est alpiniste dans les massifs rocheux de Ligurie. Une
Flambonne-Ivry eut quinze fois en vingt ans douzaine de garçons qui
forment à présent des bandes de cambrioleurs-violeurs portant son
nom de jeune fille et sévissant en Russie dans la province de
Krasnoïark…
et
les familles s’organisent, le père parle au chien…
–
Merde puante, insiste-t-il sur chaque consonne, donne-moi donc ton
glaive, frère humain, merde puante, donne-moi donc ton glaive, que
je tranche de ma dextre la tête du serpent, donne-moi mes cisailles,
frère humain, qu’enfin je me sépare de ses œufs et que la
douleur m’envoie au ciel comme pétard d’artifice. Ah, malheureux
que je suis ! Les potiers ne font plus de ces grands canthares,
mais de petits et de bien polis, comme si c’était le vase et non
le vin qu’on dut avaler.
Eugène
Savitzkaya, Ode au paillasson, « Peuples
périssables », éditions Le Cadran ligné, 2019.
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