vendredi 7 septembre 2018

des échos dans la nuit


J'aime qu'un texte dise plusieurs choses en même temps. Même des choses en apparence contradictoires. Ou incompatibles. Réalisme romantique. Pornographie pudique. Histoire d'amour sans amour avec amour puisque l'amour est une histoire. Et même – car il y a de la perversion chez l'auteur –, prendre plaisir à mal écrire exprès, au moins certains passages, pour que ce soit plus vrai.
« Il y aura donc – en mots, certes, mais quand même – des fellations, des cunnilingus, des pénétrations. Ce qui ne fait pas du roman de Philippe Annocque un livre érotique, loin de là. (…). On pourrait dire que ce roman plus romantique qu'érotique, cette histoire d'un amour qui n'est pas vraiment réalisé mais fait mal quand même, est aussi une réflexion sur la littérature, sur sa capacité à multiplier les mondes » écrit Guillaume Contré dans le Matricule des Anges, numéro de septembre (j'en ai collé une mauvaise photo ici, cliquez donc), et je ne sais pas si j'ai réussi mais c'était exactement mon ambition, convaincu que la fiction vit sa vie dans la nôtre, quoi qu'on y fasse. Car sans cette conviction jamais je n'aurais écrit sur un tel sujet (les rencontres érotiques et /ou amoureuses virtuelles, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi).
« Philippe Annocque explore ce sujet casse-gueule avec beaucoup de subtilité, et transforme cette liaison pornographique à distance en une sorte de réflexion grandeur nature sur le pouvoir performatif du langage et la puissance de l'imagination. Un roman bref, un peu cru, addictif, d'une éclatante intelligence », écrit Bernard Quiriny dans Trois Couleurs, la revue du MK2 ; n'en jetez plus, mais si, encore un peu : « Seule la nuit tombe dans ses bras est un livre étrange et inquiétant. C’est évidemment voulu. Philippe Annocque, pour y parvenir, met en place un dispositif particulièrement malin. On le sent rusé, prompt à manier l’ironie, à parodier le roman d’amour, à percer l’identité bancale de cet homme et de cette femme apparemment heureux mais qui n’en restent pas moins accrochés, dans la grande nuit numérique, à cet écran bleuté dont ils ne peuvent plus se séparer et qui s’agite frénétiquement en se zébrant de mots bien réels », cette fois c'est Jacques Josse sur Remue.net, cliquez pour tout lire. Inquiéter, émouvoir, faire rire et faire pleurer, émoustiller les sens et donner à réfléchir ; c'était ma petite ambition. Je suis content.



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