« Un auteur admiré écrivant sur un écrivain qu'il aime crée
un vide. Ne pas lire le second, c'est ne pas comprendre tout à fait
le premier. L'adolescent sentait bien que les livres appellent les
livres dans une fuite en avant sans fin. Autour de lui, personne ne
semblait deviner que le lecteur reste toujours en arrière, de plus
en plus dépendant, avec une conscience de plus en plus aiguë de ses
propres lacunes, et seul au milieu de ces absents illustres. »
Marcel
Cohen
lui ne nomme pas d'écrivains, du moins pas en tant qu'objets
d'admiration, et moi je lui sais gré de ne pas créer trop de vide,
trop de vides autour de moi – manière aussi de dire la mienne
(admiration). J'achève seulement maintenant la lecture de Détails
paru pourtant l'an dernier, mais où est donc passé le temps. Je ne
cacherai pas que l'ambition de ce billet est clairement de créer un
vide, pour ceux qui n'auraient pas encore lu Marcel Cohen. Son audace
immense est quasi invisible. Il écrit sans tout le fatras qui
d'ordinaire fait la littérature – même la bonne (de la
construction du récit à la métaphore, en passant par tout ce qu'on
l'on met trop facilement sous l'adjectif littéraire).
Et à chaque instant de ma lecture, je me dis qu'il touche à
l'essentiel.
La
quatrième de couverture de la collection blanche de Gallimard où
sont parus ses Détails
le présentent comme l'auteur de « textes brefs, (...) d'une
trilogie (...) » etc., suivent les titres concernés
(d'ailleurs évoqués ici, cliquez donc). Une présentation somme
toute factuelle, comme ses textes revendiquent de l'être. Une
présentation qui ne dit pas que Marcel Cohen est peut-être
l'écrivain d'aujourd'hui le plus important publié dans ladite
collection. Il ne faudrait pas que ça se sache.
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