Après Tardigrade à l'Arbre vengeur, rappelez-vous, Clonck
et ses dysfonctionnements est le deuxième livre de Pierre
Barrault, et je l'aime encore un peu plus que le premier. L'auteur
cette fois assume la forme romanesque, pour un propos poussé encore
davantage vers le non-sens. Or le roman est un genre qui aime le
sens. Le lecteur s'y attend à y lire une histoire, une histoire
qu'on ne lit que dans un seul sens car elle est supposée n'en avoir
qu'un – parfois le lecteur en voit plusieurs, et alors il se
réjouit que le roman soit riche. La déception le guette à Clonck,
mais je lui souhaite de savoir jouir de ses déceptions. Car s'il y a
bel et bien une histoire dans Clonck – celle d'Aughrim et
Podostrog en mission dans la ville de Clonck, chargés d'y retrouver
un certain Perstorp –, le sens s'y dérobe. En effet la ville
dysfonctionne – on ne pourra pas cette fois reprocher à l'auteur
un titre trompeur – et l'histoire est aussi celle de ces
dysfonctionnements. Ce sont ces dysfonctionnements, sortes de bugs
poétiques cocasses et variés, qui font la matière essentielle de
ce livre. Et ce faisant – faisant mine de ne rien dire – ils
disent vraiment l'essentiel : l'incapacité du sujet à
appréhender le monde. Notre lot commun, en somme.
On attend avec impatience le troisième livre de Pierre Barrault. En
attendant, on relit Clonck et ses dysfonctionnements, qui
vient de paraître, illustré par Claire Morel, aux éditions Louise
Bottu.
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