mercredi 17 décembre 2014

Un regard sur Rien



C’est celui de Charybde 7, de la librairie Charybde (qu’on ne présente plus mais qu’on vous recommande vivement de visiter), sur mon dernier premier roman Rien (qu’une affaire de regard), et c’est sur Sens Critique :



Jeune étudiant avec peu d’expérience, sexuelle notamment, Herbert Kahn ne manque pas d’ambition. Il caresse l’espoir de devenir écrivain, travaille sur le manuscrit de son premier roman, au titre révélateur, «Le Conflit», tente de mettre en scène sa pièce de théâtre, et rêve de séduire les filles et d'être regretté. Malgré ce volontarisme, Herbert ne fait qu'effleurer son existence, sans cesse tourmenté par la conscience de lui-même, occupé à s’observer plutôt qu’à vivre.

«Comment ces gens peuvent-ils savoir qu’il existe, alors que lui-même en est à peine certain ?»

À distance de la vie, c’est difficile d’en jouir ; alors le cours de l’existence d’Herbert, héros impuissant, prend l’allure d’une impasse, plutôt que celle d’un fleuve.

«Il imagine la possibilité de faire l’amour en dormant, le sommeil étant le seul moyen de s’abstraire suffisamment de soi-même pour éprouver un plaisir purement physique.»

Oscillant en permanence entre des rêves de gloire et une perception pitoyable de lui-même, Herbert, personnage complaisant et velléitaire, agace souvent. Mais il attendrit aussi. Il est si familier.

«Sa pensée de pur plaisir le propulse ensuite, comme d’habitude, dans un futur glorieux où, au-delà d’un succès d’abord modeste, se dessine bien vite une réussite telle – aussi bien en tant que comédien, que metteur en scène, que dramaturge ; sans oublier son œuvre romanesque, poétique, critique, et pourquoi pas philosophique – que son invraisemblance finit par le gêner quelque peu.»

Premier roman de Philippe Annocque, revu et republié par Quidam éditeur en 2014, «Rien (qu’une affaire de regard)» est un livre ironique, souvent très drôle, et cet homme qui sans cesse se questionne sur le cours de sa vie donne envie de replonger dans le magnifique «Liquide», du même auteur (Quidam éditeur, 2009).

«C’est à peine si elle le regarde quand Marie enfin nue se précipite à nouveau sur lui, lui-même a à peine eu le temps de la voir, il ressent surtout le contact dur des articulations et se demande pourquoi donc les filles s’obstinent à faire du régime, ce sont surtout des mots qu’il se dit dans sa tête, par peur de la trouver vide. Alors que dans un souci de justice il commence à admettre que c’est aussi, pour moitié, sa propre maigreur qui rend inconfortable leur étreinte, un goût soudain et incongru fait irruption dans sa bouche, qu’il croit sans enthousiasme identifier comme celui du cassoulet, et lui fait se rendre compte qu’ils sont en train de s’embrasser ; il peut quand même constater que, à force d’expérience, l’activité est nettement moins laborieuse et douloureuse que ce qu’il a déjà connu.»

2 commentaires:

  1. Je n'interviens jamais pour ne pas troubler l'harmonie de ce blog mais là vraiment, c'est génial et en plus c'est drôle ! Il fallait que je le dise ! J'adore !

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