Le président avait un faux air de M. Nisard ; les deux assesseurs ressemblaient à M. Cousin et à M. Guizot, mes anciens
maîtres. Je ne passais plus comme autrefois devant eux mon examen en Sorbonne. J’allais subir une condamnation capitale.
Sur une table étaient étendus plusieurs numéros de Magazines anglais et américains, et une foule de livraisons
illustrées à four et à six pence, où
apparaissaient vaguement les noms d’Edgar Poe, de Dickens, d’Ainsworth,
etc., et trois figures pâles et maigres se dressaient à droite du
tribunal, drapées de thèses en latin imprimées sur satin, où je crus
distinguer ces noms : Sapientia, Ethica, Grammatica. Les trois spectres accusateurs me
jetaient ces mots méprisants :
« Fantaisiste ! réaliste !! essayiste !!! »
Gérard de Nerval, Les Nuits d’octobre, XXV.
(J’ai beaucoup lu Nerval autrefois. En fait non, je ne l’ai pas tellement lu – mais je l’ai beaucoup relu.)
http://www.sylvie-lecuyer.net/reperesbiographi.html
et puis ce site né cette semaine (ce n'est donc qu'embryonnaire) qui contiendra des textes de Nerval (de Lécuyer toujours) :
http://www.gerard-de-nerval.net/