Quand
l’ex-bibliothécaire sans figure a vu qu’il existait quelque chose sur
Internet qui s’appelait, s’appelle encore « Facebook », il s’est senti
concerné,
forcément. J’avais beau rechigner, il insistait. Il a bien fallu que
je l’inscrive
pour qu’il se rende compte que non, ce
n’est pas dans ce livre-là, qui n’en est pas un, qu’il retrouverait
la figure qui lui manque. Tout au plus reçoit-il de temps en temps
quelques invitations à devenir « ami ». Qui donc
pourtant pourrait bien avoir envie de devenir ami avec ce faceless
book killer, je vous demande un peu. Interrogés, certains des prétendus
postulants m’ont d’ailleurs déclaré qu’ils n’avaient
jamais rien envoyé de tel – je les comprends. Il doit s’agir de
messages automatiques générés par la machine, j’imagine. Pour le moment,
le nombre des amis de l’ex-bibliothécaire est donc de
zéro, ça lui apprendra à se faire passer pour Monsieur Le Comte.
Quand il aura 58216,29 propositions, qu’il me le fasse savoir,
j’aviserai. D’ici là, j’aurai peut-être eu le temps de comprendre à
quoi ça sert, Facebook.
Benoît Dehort, Oeuvres complètes, Editions du goudron, tome 87, page 111.