Comme
la pratique en plein air du badminton, qui ne tolère pas de conditions
météorologiques approximatives, mon petit déjeuner ne supporte
pas l’à-peu-près.
Que
la minuterie ne mette pas la cafetière en marche à l’heure prévue, que
la chaîne stéréo ne se déclenche pas simultanément,
que j’aie omis de mettre une brique de lait au frais et la mauvaise
humeur prend, soudaine, calcinant l’enchevêtrement fragile de ma
garrigue intérieure ; je n’enrayerai le sinistre que
plusieurs heures plus tard, pour peu que rien ne soit venu l’attiser
entre-temps.
Mon bol de café chaud m’attend, les enceintes éructent du gros son, environnement familier, je maîtrise mon retour quotidien à
la surface du monde, démiurge détendu, quand survient l’incident.
Plus de clopes.
Erwan Larher, Qu’avez-vous fait de moi, Michalon, 2010.
Ce
sont les toutes premières lignes d’un premier roman dont je viens de
finir la lecture, bien qu’il m’ait été déconseillé par
son auteur, habile on le voit dans la manipulation de son lecteur
même hors de son livre. Bref cette intrigue forcément un peu too much
(déjà ça commence fort : plus de clopes !) d’un
roman qui vire ou fait mine de virer à l’espionnage m’a fait passer
quelques heures si vite que ma montre avait du mal à suivre, il faut
que je change la pile ; et ça c’est révélé
d’autant plus agréable (et drôle) que le too much se justifie
joliment : il ne faut pas prendre tout ce qu’on lit au pied de la
lettre, comme dirait l’autre.
(Et puis l'auteur est un type sympa ce qui ne gâche rien. Tiens, j'ai dit "rien"!).
- Garçon, un autre ; s'il-vous-plait !
PS : le crédit photo, où ai-je la tête : Dorothy-Shoes (www.dorothy-shoes.com)