On est bien chez soi.
J’entre un œil par là. Comme ça. Hmmmm, les bons neurones du héros. Oh c’est pas la première fois que je vois à l’intérieur de
moi en couleur.
Pièce ronde.
On
est bien installé, maison-hôpital, studio chambre stérile, machines
partout. Et tout ça dans une cabane suspendue dans les
arbres. Une tour camouflée par le temps. Avec des meurtrières pour
surveiller le paysage. Gallo-romain intemporel. Je veux dire du solide,
du costaud. Du moderne dans une vieille
enveloppe.
Vivons cachés.
Ouhlà.
Le
coup de génie de s’installer un bureau dans la cuisine, ou l’inverse.
Le gars peut braiser une poularde en bricolant sa vie.
J’ai des machines mixtes. Idéal pour un Moi. Commandes via cerceau,
toujours en marche, comme ces cuisinières qui ne s’arrêtent jamais. On
glisse la tarte dans le bon four. On n’a plus de
thermostat.
Ne faites le deuil de rien.
C’est ce que promet la notice.
Une
machine qui garde les qualités principales de toutes les trouvailles
qui l’ont précédée. Pas de nostalgie technique :
l’objet est en bois et cuivre, avec parties en latex qui imitent
parfaitement l’élasticité de la peau et même sa chaleur, mais armées de
titane, souffle la notice. Molettes et commandes vocales,
un milliard de pixels, petites lampes témoins bleues brûlantes. On
garde tout en mémoire : profondeur du négatif, relief de la
stéréoscopie, énorme vibration du noir et blanc, sépia et
charbon des tirages des anciens morts.
Et l’effet huile des autochromes ?
Absolument, poursuit la notice, vous obtiendrez des couleurs profondes à 100%, des fruits vibrants de lumière, pêche orange dans
plat bleu de Chine.
Olivier Cadiot, Un mage en été, POL, 2010, p. 21-22.
Commentaires
Le gars peut braiser une poularde en bricolant sa vie : alors, là oui, évidemment. Que rajouter ? Rien.
Commentaire n°1
posté par
Gilbert Pinna
le 28/12/2010 à 14h35
Juste que celle au vin jaune et aux morilles que je viens de terminer n'était pas mal non plus.
Réponse de
PhA
le 28/12/2010 à 14h53
quel bel œuf! unr petite coquille cependant (juste un éclat
minuscule) au §4: «le trouvailles» (mais peut-être certaines licences
poétiques m'échappent-elles)
Commentaire n°2
posté par
jc
le 28/12/2010 à 15h16
Merci jc ! Je corrige.
Réponse de
PhA
le 28/12/2010 à 15h18
J'adopte la cabane sous l'arbre. Avec la poularde à l'intérieur. je ne renonce à rien, je veux tout!
Commentaire n°3
posté par
Zoë
le 28/12/2010 à 18h32
Ben tiens !
Réponse de
PhA
le 29/12/2010 à 11h01
Ah, le Gallo-Romain, ça c'était du solide... pas comme le béton pré-contraint tout ça. (Bel extrait, très amusant !)
Commentaire n°4
posté par
Sophie K.
le 28/12/2010 à 20h54
Visitant nos ruines les archéologues du futur nous appelleront les laisse-béton.
Réponse de
PhA
le 29/12/2010 à 11h05