lundi 28 juin 2010

il n’y a que ta blondeur gris-étale qui tienne le coup

http://www.desordre.net/accessoires/divers/pixels.jpg
Il pleut sur le bruit de la pluie qui tombe sur le bruit de la pluie qui tombe sur le bruit de la pluie en tout une fois de plus que vous l’entendez, il pleut des pétales d’images liquides qui tombent à plat et recouvrent un à un l’écran du pare-brise, des pastilles fondantes de couleurs qui explosent à la surface du verre et libèrent leurs capsules de pixels sur la masse jaunie du figuier, gondolent doucement la carrosserie des voitures – celle mûre-écrasée d’un break Volvo – escamotent la roue de secours suspendue à l’arrière d’une jeep, cryptent sa plaque minéralogique sinon lisible à cette distance, martèlent l’argent des coupés gris métallisés, nettoient à sec le velours frappé de la haie de cyprès la plus au fond, cabossent le pied du réverbère, repeignent touche Morandi le pan coupé de l’immeuble – photo molle du paysage – il n’y a que ta blondeur gris-étale qui tienne le coup en terme de remodelage, le rouge des phares passe d’une alvéole lumineuse à une autre comme par dialyse, comme des bactéries vues au microscope, depuis mardi je lis de mieux en mieux, j’arrive à lire toute nue et je rêve d’une peinture love painting qui, lorsqu’on l’applique sur une surface plane, dévête toutes tracées les lettres majuscules du graffiti « BARBARA TI AMO », les peint déjà écrites, devant et de profil, je passe en souriant et je fais semblant d’être Barbara.
 
Cécile Mainardi, L’immaculé conceptuel. Deuxième Blondeur, Les petits matins, 2010, p. 75-77.
 
« Deuxième Blondeur », parce qu’il y en a une première ; c’est d’ailleurs par ce titre que je suis entré dans cette belle collection Les grands soirs des éditions Les petits matins, qui fait vraiment un beau travail. On aura compris qu’il s’agit moins d’une suite que d’une nouvelle poussée, on n’est pas obligé d’avoir lu la Blondeur pour lire cet immaculé conceptuel – mais ce n’est pas plus mal de retourner s’y plonger (surtout quand on aime l’amour).
 
(En cherchant une illustration pour ce billet, je tombe un peu par hasard sur cette image ; tiens ! elle vient du Désordre de Philippe de Jonkheere – obéissons donc au hasard et allons donc nous perdre un peu.) 



Commentaires

donne envie
Commentaire n°1 posté par brigetoun le 28/06/2010 à 20h14
N'est-ce pas ? (Votre envie, je l'attendais un peu.)
Réponse de PhA le 28/06/2010 à 20h52
L'écran neigeux a envahi mon écran d'ordinateur, je le fixe et j'attends.
Je pense un peu à Debord et à Godard mais surtout à l'écran noir de la télé quand les programmes s'interrompaient à 23H30.
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 29/06/2010 à 07h58
Vous n'allez pas tarder à y voir apparaître une blondeur gris-étale.
Réponse de PhA le 29/06/2010 à 10h23

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