lundi 26 février 2024

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 12

Messerschmied était d’excellente humeur. Il était de retour chez Brunnen, dans le bureau de Monsieur Witz, et il était d’excellente humeur. Monsieur Witz aussi, d’ailleurs, était d’excellente humeur : il rayonnait. La raison de tant de bonne humeur était claire, évidente ; le contrat était là, dans les mains de Monsieur Witz, qui éprouvait même le besoin de la proférer oralement, la raison de toute cette bonne humeur, laquelle n’était rien d’autre que cette présence immédiate du contrat, dans ses mains à lui, Monsieur Witz, face à Messerschmied, Messerschmied qui n’attendait qu’une chose : signer le contrat. Ils étaient tous les deux si joyeux que Messerschmied était même capable de plaisanter à propos de tous les désagréments qui les avaient jusqu’à présent empêchés de signer le contrat, désagréments dont il ne parvenait plus à se rappeler la nature ; qu’est-ce donc qui les avait empêchés de signer le contrat ? c’était pourtant si simple ; d’ailleurs ils allaient le faire, là, incessamment ; ils allaient signer le contrat ; ils allaient signer le contrat au moment où, se retournant brusquement, le préposé au ménage brandit le manche de son aspirateur allumé vers eux : le contrat, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, disparut aspiré par l’engin, comme si cela vraiment était possible, comme si vraiment ce retour à la poussière avait un sens.

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