Jérôme Lafargue revient. Et avec Jérôme Lafargue, c’est aussi le retour du Roman avec un grand R ; et pour moi, qui ne suis pourtant pas grand lecteur de romans, c’est comme un grand bol d’air, un bol de grand air même, celui de l’océan tout proche puisque, comme presque tous les autres romans de son landais d’auteur, ce sont les Landes encore qui en sont le décor et même un peu plus que le décor : un quasi personnage (c’était le cas déjà par exemple de Dans les ombres sylvestres). Ça s’intitule Lisière fantôme, et ça vient de paraître ce mois-ci chez Quidam.
On y voyage aussi, dans l’espace (des Landes à l’Ukraine en passant par l’Afrique) et surtout dans le temps : un très contemporain XXIe siècle se laisse envahir par les traces d’un XVIIe qui s’insinue discrètement dans le présent. Il y a en effet dans ce roman, dont évidemment je ne révélerai surtout pas l’intrigue, une sorte de feuilleté temporel. Le passé, aussi bien ce XVIIe siècle que celui plus récent des parents et du grand-père d’Augustin Loeyna, le héros, est à la fois passé et d’une certaine manière encore présent.
C’est ce à quoi aura affaire Augustin dans sa quête et son enquête – il y a dans Lisière fantôme une dimension policière, avec crime et victime –, et cette enquête est aussi, pour Augustin, une quête essentielle qui l’amènera à s’interroger sur ce qu’il est vraiment, au prix d’un doute croissant, d’un tiraillement entre naturel et surnaturel – car, même s’il le fait en toute discrétion, Lisière fantôme est un authentique et très beau roman proprement fantastique, selon les termes employés naguère par Todorov.
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