Pascale Petit a écrit un nouveau livre. J’ai
lu tous les autres, je crois. J’ai envie d’écrire un billet
dessus, pour vous en donner une idée, mais avec ses mots à elle. Je
vais choisir une phrase par page en commençant par la première et à
un moment je sentirai que j’aurai fini ce billet. (On parle de
« billet » pour les articles d’un blog comme pour les
lettres d’amour – ça tombe bien, vous allez voir.) (Vous pouvez
aussi avoir envie d’écrire un véritable article sur ce livre ;
Bruno Fern en a écrit un avec ses mots à lui : c’est ici.)
Voici mon billet.
Regarde, je dors et je n’ai pas eu le temps
d’ôter mes vêtements. Regarde bien, il n’y a pas que l’arc et
le carquois avec des flèches. Regarde, je suis allongée sur ce
divan. Regarde, je suis pâle, mon cœur bat vite, j’ai peur, on le
comprend : tu es mon futur et ne le sais pas. Regarde, je sais
déplacer les objets, c’est une des premières choses que j’ai
apprises. Et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l’un
de l’autre. Regarde, je viens de me réveiller au milieu de la
nuit. Regarde, je regarde quelque chose qui est à côté de quelque
chose que tu regardes en tournant lentement les pages d’un livre
sans les lire. Je n’entends rien prouver. Je me demande si les
belles rencontres relèvent du rêve ou de l’histoire parallèle.
Les précipités de mélancolie sont au point. Tu brilles (ton
absence). Les boiseries sont tourmentées. C’est ma chanson
préférée pour voix assez seule. Invente-moi une machine, j’ai
envie d’une machine. J’ai déjà fait le sacrifice du velours
comme une héroïne qui quitte le passé. Que dois-je comprendre
quand tu me dis que sur quatre cents roses, tu en as sauvé sept ?
Je me suis arrêté à la page 30, et je crois
que j’ai fini d’écrire ce billet avec ces mots qui ne sont pas
de moi. J’ai juste oublié de vous dire que son titre est l’Audace
et qu’il est publié chez Nous.
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