dimanche 2 juin 2019

Petites nausées (4)

(Vers Petites nausées 1, Petites nausées 2, Petites nausées 3)


Mais c’est donc que, dans les deux cas, face au bouton, face au tableau de Renoir, je suis tenté de penser à quelque chose (quelque chose à quoi les autres, a priori, ne penseraient pas), que seule la volonté m’a appris à occulter.
Face au bouton, il y a cette conscience nauséeuse qu’il s’agit d’un objet manufacturé, de petite taille, destiné à être pris entre les doigts.
Face au tableau de Renoir, cette espèce de flou fuyant écœurant, de flou en mouvement (mouvements contradictoires, quasi tiraillement ; mais ce n’est pas cela, non vraiment ce n’est pas cela) ; cela même qui me permet de reconnaître à coup sûr Renoir – et de n’éprouver aucune répulsion devant l’œuvre médiocre d’un pâle imitateur.
Peut-être faut-il dire aussi (j’en suis moins certain, mais tout de même je le dis, par honnêteté : parce qu’on ne sait jamais) que le bouton, aussi, par sa petite taille, est susceptible d’être improprement porté à la bouche, notamment par un jeune enfant.
Le mal nommé flou fuyant de Renoir me suggère peut-être avec trop de violence que les choses ne peuvent pas demeurer en l’état. (Mais pourquoi seulement le flou de Renoir ? Peut-être les sujets des tableaux ont-ils plus d’importance que je ne veux bien leur accorder.)
Dans les deux cas, un unique réflexe (heureusement stoppé par les effets d’une bonne éducation) : vomir.
Vomir, j’imagine, est un réflexe de défense de l’organisme, qui se débarrasse par le chemin le plus direct de ce qui le met en péril. Nul doute qu’il y a, dans les peintures de Renoir, comme dans les petits objets manufacturés, quelque chose qui me menace. (J’allais écrire : « qui menace ma santé ». Ça n’aurait pas de sens. J’ai vu suffisamment de tableaux de Renoir, j’ai ramassé suffisamment de boutons pour savoir que ce n’est pas ma santé physique qui est menacée.)


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