Mais c’est donc que, dans les deux cas, face au bouton, face au tableau de Renoir, je suis tenté de penser à quelque chose (quelque chose à quoi les autres, a priori, ne penseraient pas), que seule la volonté m’a appris à occulter.
Face
au bouton, il y a cette conscience nauséeuse qu’il s’agit d’un
objet manufacturé, de petite taille, destiné à être pris
entre les doigts.
Face
au tableau de Renoir, cette espèce de flou fuyant écœurant, de
flou en mouvement (mouvements contradictoires, quasi tiraillement ;
mais ce n’est pas cela, non vraiment ce n’est pas cela) ;
cela même qui me permet de reconnaître à coup sûr Renoir –
et de n’éprouver aucune répulsion devant l’œuvre médiocre
d’un pâle imitateur.
Peut-être
faut-il dire aussi (j’en suis moins certain, mais tout de même je
le dis, par honnêteté : parce qu’on ne sait jamais)
que le bouton, aussi, par sa petite taille, est susceptible d’être
improprement porté à la bouche, notamment par un jeune
enfant.
Le
mal nommé flou fuyant de Renoir me suggère peut-être avec trop de
violence que les choses ne peuvent pas demeurer en l’état. (Mais
pourquoi seulement le flou de Renoir ? Peut-être les sujets des
tableaux ont-ils plus d’importance que je ne veux bien leur
accorder.)
Dans
les deux cas, un unique réflexe (heureusement stoppé par les effets
d’une bonne éducation) : vomir.
Vomir,
j’imagine, est un réflexe de défense de l’organisme, qui se
débarrasse par le chemin le plus direct de ce qui le met en péril.
Nul doute qu’il y a, dans les peintures de Renoir, comme dans les
petits objets manufacturés, quelque chose qui me menace. (J’allais
écrire : « qui menace ma santé ». Ça n’aurait
pas de sens. J’ai vu suffisamment de tableaux de Renoir, j’ai
ramassé suffisamment de boutons pour savoir que ce n’est pas ma
santé physique qui est menacée.)
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