A – Je vais lui donner
mes affaires.
F – Cette chemise ?
A – Pourquoi pas ?
F – Elle n'est pas un
peu courte ?
B – O.K., je lui donne
mon tee-shirt.
F – Tu crois ?
A – Je suppose que tu
veux lui donner le tien ?
F – Non, pas du tout.
Mais si vous insistez... Je reviens.
A – …
B – …
A – Il n'en perd pas
une, celui-là.
B – Non, il n'en perd
pas une.
A – Je n'aime pas ça.
B – Tu es jaloux ?
A – De quoi ?
B – De lui ?
A – Je devrais ?
B – Ha ha, non, mais
justement, comme...
A – Ah, la théorie
débile qu'il a inventée.
B – Tu es jaloux.
A – Si tu le dis.
B – Oui, je le dis.
A – O.K., je suis
jaloux.
B – Pour de vrai ?
A – Non !
B – O.K., je te
demandais juste comme ça.
A – Ils reviennent.
B – Ils rigolent.
A – Oui, ils sont très
amis maintenant qu'il lui a donné son tee-shirt.
B – Tu es jaloux.
A – Arrête avec ça,
et surtout devant lui.
B – O.K., ne t'inquiète
pas.
A – Alors, il te va
bien ?
E – Oui, regarde.
B – C'est un peu court.
E – Bon, un peu de
tact, tous les deux.
F – Oui, soyez gentils
de ne pas la gêner.
A – Tu veux ma chemise
pour te faire une jupe ?
E – Non merci, je suis
bien comme ça.
B – Et mon tee-shirt ?
Tu es toujours à moitié nue.
Voilà, je vous ai
recopié ce passage de La Liberté totale, le roman de Pablo
Katchadjian (rappelez-vous Quoi faire et Merci),
récemment paru aux éditions Le Nouvel Attila dans une traduction de
Mikaël Gomez Guthart ; parce que même un simple extrait (ici
pris au hasard) me réjouit – et que la lecture du texte entier
(qui parle de la vie, de la mort, du langage... puisque vous me le
demandez) me chatouille joliment l'esprit.
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