Il y a déjà dix ans,
j'avais beaucoup aimé Contact, de Cécile Portier, publié
dans la trop éphémère collection « Déplacements » des
éditions du Seuil. De toutes pièces, récemment paru chez
Quidam et que je viens de terminer, me fait encore plus forte
impression. Le roman se présente sous la forme d'un journal, celui
d'un narrateur anonyme, nommé « curateur » et chargé,
sans savoir par qui, de constituer de toutes pièces un
cabinet de curiosités. Les moyens financiers sont sans limites, le
délai en revanche est bref. « J'aurais dû, bien sûr,
refuser. Répondre aux lois du genre et aller vite, c'est
antinomique. »
Si la première et
immédiate jubilation du lecteur réside dans la constitution du
cabinet de curiosités lui-même – vous le faire visiter
déflorerait trop le livre et le plaisir est aussi dans la
description même desdites curiosités, jubilation contagieuse car
elle est aussi celle du narrateur-curateur ; c'est bien au-delà
encore que ce récit nous entraîne. Car c'est l'histoire d'un homme
qui cède à la tentation d'une illusion. L'anonymat des
commanditaires, financièrement tout-puissants et toujours
invisibles ; le non-dit qui entoure les motivations de la
constitution de ce cabinet de curiosités ; la solitude du
curateur dans son hangar perdu au milieu d'une France déshabitée
qu'on appellerait volontiers nulle part ; tout cela vient
implicitement interroger le lecteur sur le caractère illusoire et
artificiel de ce qui prétend donner du sens à notre vie.
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