lundi 22 octobre 2018

de toutes pièces


Il y a déjà dix ans, j'avais beaucoup aimé Contact, de Cécile Portier, publié dans la trop éphémère collection « Déplacements » des éditions du Seuil. De toutes pièces, récemment paru chez Quidam et que je viens de terminer, me fait encore plus forte impression. Le roman se présente sous la forme d'un journal, celui d'un narrateur anonyme, nommé « curateur » et chargé, sans savoir par qui, de constituer de toutes pièces un cabinet de curiosités. Les moyens financiers sont sans limites, le délai en revanche est bref. « J'aurais dû, bien sûr, refuser. Répondre aux lois du genre et aller vite, c'est antinomique. »
Si la première et immédiate jubilation du lecteur réside dans la constitution du cabinet de curiosités lui-même – vous le faire visiter déflorerait trop le livre et le plaisir est aussi dans la description même desdites curiosités, jubilation contagieuse car elle est aussi celle du narrateur-curateur ; c'est bien au-delà encore que ce récit nous entraîne. Car c'est l'histoire d'un homme qui cède à la tentation d'une illusion. L'anonymat des commanditaires, financièrement tout-puissants et toujours invisibles ; le non-dit qui entoure les motivations de la constitution de ce cabinet de curiosités ; la solitude du curateur dans son hangar perdu au milieu d'une France déshabitée qu'on appellerait volontiers nulle part ; tout cela vient implicitement interroger le lecteur sur le caractère illusoire et artificiel de ce qui prétend donner du sens à notre vie.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire