dimanche 24 juin 2018

"Tu es né pour chanter les Louanges des Chérubins."


Le titre du premier roman d'Anne Karen rime avec son nom, Rouge encore du baiser de la reine, emprunté à Nerval, poète à tout relié, à tout un passé de rêve, et poète qui n'est qu'une porte vers un texte écrit d'« une écriture à l'encre rousse, serrée petite et ronde » et recouverte « par la main de Michel Psellos » (j'avoue avoir dû recourir à l'oracle numérique pour mettre une identité sous ce nom) qu'un certain René Nanak, historien et « membre émérite de l'Institut d'histoire et de civilisation de Byzance au Collège de France » se propose de mettre au clair. Un palimpseste, donc.
La description de l'écriture ci-dessus fait partie d'un avertissement au lecteur sur la nature du texte qu'on va lire, ou plutôt dont on a déjà commencé la lecture puisqu'il est placé après la première des vingt feuilles écrites l'eunuque nain Nicétas, petit et rond comme son écriture (je le vois roux aussi mais est-ce dit?), seul narrateur, dont Michel Psellos est le destinataire chéri. Car tout ici n'est qu'amour. Quelques horreurs traversent bien ce onzième siècle byzantin étonnamment évoqué, mais rarement voix humaine n'aura été aussi incarnée : Nicetas, le nain, l'eunuque qui a passé sa vie à aimer, à s'effacer comme si l'un était l'autre, vit vraiment dans ce texte qui lui donne vie :
« "Tu es un ange du ciel", disait ma nourrice. "Tu es né pour chanter les Louanges des Chérubins." Je ne suis de fait ni un homme ni une femme... »


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