« Cent ans ? Une peccadille pour eux. Dessiqués, ils
pourraient patienter sans compter jusqu'à ce que les conditions
favorables leur donnent le feu vert pour se gorger d'eau et reprendre
leur vie active comme si de rien n'était, un sommeil de Belle au
bois dormant, le simple baiser d'un matin plus brumisé que les
autres, plus appuyé aussi : vingt-quatre heures de mouillette
avant de pouvoir reprendre leurs esprits.
Nos entreprises, plutôt que de jeter leurs employés et leurs
ouvriers dans les filets du chômage verraient là une occasion en
or. Vidangé de son eau, le personnel ne prendrait plus trop de place
et ne demanderait pas de soins particuliers si ce n'est de veiller à
l'hygrométrie du débarras où il serait remisé. Lorsque la
conjoncture s'améliorerait, il suffirait d'organiser un apéritif
dînatoire, d'offrir un drink à tout ce petit monde sec pour le
remettre d'aplomb avant de l'engager à nouveau, et de conclure le
tout par une poignée de main humide. »
… écrit Christine Van Acker dans la Bête à bon dos,
récemment paru dans la collection Biophilia des éditions José
Corti, et découverte à l'occasion de mon récent séjour en
Chapitre Nature. Le tardigrade n'est qu'un des multiples
protagonistes de ce bestiaire savant et joueur, et s'il parade en
couverture c'est qu'il est à coup sûr, n'en doutez pas, l'avenir de
l'homme.
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