samedi 2 juin 2018

Embauchez plutôt des tardigrades !

« Cent ans ? Une peccadille pour eux. Dessiqués, ils pourraient patienter sans compter jusqu'à ce que les conditions favorables leur donnent le feu vert pour se gorger d'eau et reprendre leur vie active comme si de rien n'était, un sommeil de Belle au bois dormant, le simple baiser d'un matin plus brumisé que les autres, plus appuyé aussi : vingt-quatre heures de mouillette avant de pouvoir reprendre leurs esprits.
Nos entreprises, plutôt que de jeter leurs employés et leurs ouvriers dans les filets du chômage verraient là une occasion en or. Vidangé de son eau, le personnel ne prendrait plus trop de place et ne demanderait pas de soins particuliers si ce n'est de veiller à l'hygrométrie du débarras où il serait remisé. Lorsque la conjoncture s'améliorerait, il suffirait d'organiser un apéritif dînatoire, d'offrir un drink à tout ce petit monde sec pour le remettre d'aplomb avant de l'engager à nouveau, et de conclure le tout par une poignée de main humide. »


… écrit Christine Van Acker dans la Bête à bon dos, récemment paru dans la collection Biophilia des éditions José Corti, et découverte à l'occasion de mon récent séjour en Chapitre Nature. Le tardigrade n'est qu'un des multiples protagonistes de ce bestiaire savant et joueur, et s'il parade en couverture c'est qu'il est à coup sûr, n'en doutez pas, l'avenir de l'homme.


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