Le titre du premier roman d'Anne Karen rime avec son nom, Rouge
encore du baiser de la reine, emprunté à Nerval, poète à tout
relié, à tout un passé de rêve, et poète qui n'est qu'une porte
vers un texte écrit d'« une écriture à l'encre rousse,
serrée petite et ronde » et recouverte « par la main de
Michel Psellos » (j'avoue avoir dû recourir à l'oracle
numérique pour mettre une identité sous ce nom) qu'un certain René
Nanak, historien et « membre émérite de l'Institut d'histoire
et de civilisation de Byzance au Collège de France » se
propose de mettre au clair. Un palimpseste, donc.
La description de l'écriture ci-dessus fait partie d'un
avertissement au lecteur sur la nature du texte qu'on va lire, ou
plutôt dont on a déjà commencé la lecture puisqu'il est placé
après la première des vingt feuilles écrites l'eunuque nain
Nicétas, petit et rond comme son écriture (je le vois roux aussi
mais est-ce dit?), seul narrateur, dont Michel Psellos est le
destinataire chéri. Car tout ici n'est qu'amour. Quelques horreurs
traversent bien ce onzième siècle byzantin étonnamment évoqué,
mais rarement voix humaine n'aura été aussi incarnée :
Nicetas, le nain, l'eunuque qui a passé sa vie à aimer, à
s'effacer comme si l'un était l'autre, vit vraiment dans ce texte
qui lui donne vie :
« "Tu es un ange du ciel", disait ma nourrice. "Tu
es né pour chanter les Louanges des Chérubins." Je ne suis de
fait ni un homme ni une femme... »
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