En fait c’est juste une petite pause dans la pause estivale : on entrouvre les hublots mais pas longtemps.
Relu Proust mais pas tout comme le veut le cliché – estival aussi ; faut pas charrier : juste Du côté de chez
Swann, qui n’a pas tellement changé depuis la dernière fois ;
il y a des persistances qui font plaisir. Le souvenir était assez net,
seul l’ordre du récit restait était un peu flou dans
la mémoire.
Relu le Conquérant de la planète Mars, aussi. John Carter, quoi (rappelez-vous). Qui doit être à peu près l’exact contemporain de Swann,
d’ailleurs. Oui madame. Et tiens, mon souvenir de Dejah Thoris était
à peu près aussi net que celui de Geneviève de Brabant. C’est fou
d’ailleurs comment les noms des personnages se sont imprimés
dans la mémoire (pourtant il n’y a vraiment rien à en dire sinon que
Burroughs n’a pas dû consacrer plus d’une seconde à chacun d’eux).
Bref. Oui, c’est l’impression qui en est ressortie :
bref. Vite lu, le roman a rétréci avec le temps. Mais un petit gars de n’importe quelle époque peut aimer ça.
Profité aussi de ce qu’on est en pleine saison (estivale) pour lire Hors saison, de Sylvain Coher. Sylvain Coher,
rappelez-vous, l’auteur de Carénage, paru chez Actes Sud à la rentrée 2011.
L’éditeur a eu la bonne idée de rééditer en poche (Babel, donc) ce premier roman initialement paru chez Joca seria en 2002.
« Le
premier jour de septembre, lorsque nous avons débarqué elle s’est rendu
directement à l’agence. Au guichet elle n’a
regardé aucune fiche, aucun catalogue. Elle a dit Bonjour, je
voudrais louer une maison dans le quartier de la falaise. Elle a
simplement donné l’adresse précise de la maison, le nom précis de la
maison et lorsque la femme (qui sentait le chat et l’anis) lui a
fait son petit signe approbateur de la tête en répétant la falaise puis Clair de lune, elle n’a pas retenu un
long soupir de soulagement.
Ça sonnait comme un rendez-vous que je ne comprends pas. Bien sûr, tout cela ne veut rien dire, mais après un bon millier de
kilomètres…
Elle n’a pas voulu visiter. Elle a prévenu qu’on partirait avant l’été. Elle n’a pas payé cher mais elle a refusé l’entreprise
qui procède généralement au nettoyage des maisons trop sales.
Nous ferons cela tranquillement, a-t-elle dit. En passant sa main chaude sur ma tête. Nous avons tout notre temps. La femme de
l’agence (qui sentait plus intensément le chat) me regardait, apeurée. »
Sylvain Coher, Hors saison, Joca seria 2002, Actes Sud Babel 2011, p. 44-45.
On
a vite fait de deviner la nature du narrateur, prétexte à suivre le
protagoniste (« Elia », une jeune femme) d’un
point de vue assez inédit, à la fois externe et intime. Ainsi le
personnage reste opaque, avec son mystère qui ne se dévoile que par
indices épars, et en même temps il nous est donné à lire avec
la plus grande tendresse.
On ne compare pas un film à un livre, ce sont deux écritures différentes. Cependant, avez-vous vu Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz?
J'essaierai Hors Saison.