Peut-être, sans doute même avait-on oublié, ou tout du moins omis, de raconter ceci. Messerschmied – mais était-il encore Messerschmied ? Était-ce bien Messerschmied qui, à peine vêtu, d’une peau de bête peut-être bien, marchait, marchait à travers la nature sauvage, sans rien, sans personne autour de lui, vers un but, un but ultime, toujours le même, jamais atteint ? Y arriverait-il seulement, et à quoi ? Il n’aurait pu le dire lui-même. Tout cela n’avait pas de sens. Il traversait des buissons inextricables, il ne voyait pas où il mettait les pieds. Tout cela prendrait-il fin un jour ? C’est alors qu’il mit le pied sur quelque chose, c’est alors qu’il se sentit saisi par la cheville ; que lui arrivait-il encore ? Il lui semblait bien qu’il avait été pris dans un piège. Mais qui donc lui aurait tendu un piège ? C’était cela, c’était cela surtout qui était terrible, cette conviction d’être tombé dans un piège qu’on n’avait pas tendu pour lui, parce que personne ne lui tendait de piège, à lui, parce qu’il n’était personne, parce que probablement ce rêve était le rêve d’un autre.
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