samedi 15 novembre 2025

Souvenirs de ma mère, 23 (les Singes rouges) : Cayenne, Saint-Georges-de-l’Oyapock années 30

 Rendre visite


Elle était très proche de ses parents. Même de son père. Quand il partait faire sa tournée, « armé jusqu’aux dents » (c’est comme ça qu’elle dit : « armé jusqu’aux dents »), il l’emmenait avec lui. Il allait donner son coup de pied quotidien au clochard Galbot qui dormait sur les sacs, près des entrepôts.

« Ah ! Brigadier Labonne ! »

Elle entend encore la voix de Galbot.


Parfois, ils allaient rendre visite à Tante Compas. C’était loin : à Saint-Georges-de-l’Oyapock. Il fallait prendre le bateau pour y aller. Elle aimait le bateau. Mais elle n’aimait pas les débarquements, car en Guyane les bateaux n’accostaient pas à quai ; il fallait rejoindre la rive en canot et ça lui faisait peur.

Tante Compas vivait dans un tout petit logement très sommaire de plain-pied, un logement de fonction. Elle était « visiteuse des douanes ». Après la mort de son mari, elle s’était trouvée très démunie. C’était une cousine de sa mère, mais aussi une cousine de son père. C’est par lui qu’elle avait pu obtenir ce petit poste à la douane. La parenté exacte s’est un peu effacée des mémoires, mais le sentiment familial est toujours resté très fort.


Tiens, Tante Compas était aussi la marraine du frère d’Henri Salvador. Le monde est tout petit.


Elle ne se rappelle plus quand est née Tante Compas. En tout cas c’était dans les années soixante-dix.


Il se souvient de Tante Compas. Une fois ils sont allés la voir à Paris, elle et lui. Ils ont mangé des champignons à la grecque.


Il a mangé des champignons à la grecque avec Tante Compas qui était la marraine du frère d’Henri Salvador. Il écrit ça sur son ordinateur.

Le monde est tout petit. Le temps aussi.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire