lundi 24 avril 2023

Souvenirs d’un lecteur de BD (3) / Mon sceptre d’Ottokar

J’ai très peu de souvenirs du Sceptre d’Ottokar. Sans doute ne suis-je pas seul dans ce cas, mais j’ai déjà dit que je me rappelais des répliques entières de l’Etoile mystérieuse, mon premier Tintin – et sans doute aussi du Secret de la Licorne, des Sept boules de cristal, du Lotus bleu bien sûr et aussi bien des Bijoux de la Castafiore. De quasiment tous les albums, en fait. Sauf du Sceptre d’Ottokar et, dans une moindre mesure, de On a marché sur la Lune (alors que je connais parfaitement bien Objectif Lune).

Les souvenirs d’une œuvre ont parfois peu de rapport avec l’œuvre. Parfois même, pas du tout. Du Sceptre d’Ottokar, je me souviens d’un savant à lunettes très myope et des sourcils froncés de Tintin lorsque le « même » savant lui fait remarquer, depuis le hublot d’un avion de ligne, les petits moutons blancs dans un pré (et tandis que j’écris ceci me revient le souvenir d’un autre hublot par lequel ma mère essayait de me montrer la Statue de la Liberté – mais moi j’avais sept ans et j’étais plongé dans mon Tintin). Je me souviens aussi d’un dilemme pour Milou : l’os ou le sceptre ? Et c’est à peu près tout.

J’étais enfant, donc, et petit, même. Mais à sept ans, j’avais déjà trop de Tintin pour pouvoir les emporter tous de l’autre côté de l’Atlantique. En peu de temps (je me rends compte a posteriori que c’était forcément en peu de temps), mon grand frère Francis m’a offert la plupart des albums de Tintin. Mes parents ont dû m’en offrir quelques-uns aussi, mais c’était surtout Francis. Enfin, pas ceux qui étaient déjà dans la famille : Les sept boules de cristal, le Temple du soleil, Tintin au Tibet et les Bijoux de la Castafiore, que j’ai toujours, et dont la couverture n’est pas glacée comme pour les éditions moins anciennes. Je crois que l’un des derniers que j’ai eus enfant est l’Affaire Tournesol, mais je n’en suis pas sûr. Peut-être ai-je conservé cette impression simplement parce qu’il reste l’un de mes préférés.

Longtemps, il m’en a manqué deux. Et puis j’ai acheté On a marché sur la lune ; comme j’avais déjà Objetif Lune, ça manquait. La quatrième de couverture n’est plus cette espèce d’île étrange avec son grand panneau au milieu, cette sorte de cabinet de curiosités à ciel ouvert que vous vous rappelez forcément si vous l’avez connu. Mais je n’ai pas, pas encore, acheté le Sceptre d’Ottokar. Je l’ai lu, bien sûr, à l’occasion, je ne sais plus où. Plusieurs fois ? Peut-être, je n’en suis pas sûr.

Je l’achèterai peut-être, ou peut-être pas. Je me suis attaché au fait de ne pas l’avoir. De toute façon, on n’a jamais tout.

Les souvenirs d’un lecteur de BD ne sont pas forcément des souvenirs de BD.



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