Une jeune femme, une petite fille la veille encore, débarque un
soir, à la nuit tombée, en étrangère, chez un vieil homme. Elle
s’appelle Joëlle Varenne, et même son nom est incompréhensible à
l’homme qu’elle prétend rencontrer.
– Joëlle.
– Was ?
– Joëlle.
– Yulie ?
Yulia ?
– No, Joëlle.
– Was dis namn ?!
Skriv it !
Même
son nom, mais d’abord sa présence, car le vieil homme est Ingmar
Bergman, au soir de sa vie, farouchement
retiré sur l’île de Fårö,
qui donne au livre
son titre. Elle est étudiante en cinéma, et elle est venue
rencontrer celui qui
ne reçoit plus personne. Il s’ensuit un dialogue d’abord de
quasi sourds, la barrière de la langue y aidant, car si les deux
parlent anglais, chacun parle son anglais qui n’a pas grand-chose
en commun avec l’anglais de l’autre, et cela
donne lieu à des échanges qui sont d’abord cocasses, vraiment,
avant de devenir émouvants
quand on commence à comprendre que
ce qui a amené la toute jeune Joëlle Varenne, vingt-deux ans à
l’époque, à rencontrer le cinéaste ermite, c’est
peut-être sans le savoir l’attente, dans cette circonstance
incredibole,
d’entendre son propre nom, et peut-être aussi l’injonction de
l’écrire.
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