A vous qui avant nous
vivez, un titre comme le vent qui soufflerait d'une galerie
rouverte après 36000 ans et nous rappelle que d'autres hommes en
effet ont vécu là avant nous et se sont émerveillés des œuvres
de quelques-uns des leurs, hommes comme nous mais que nous disons
Aurignaciens, car tout ici nous parle d'un lieu, redécouvert en 1994
seulement : la grotte Chauvet. Ce nouveau livre de Nathalie
Léger-Cresson (rappelez-vous Hélice à deux, chez les même
éditions des femmes Antoinette Fouque) n'est pas une visite, pardon,
si, est une visite de la grotte Chauvet mais autrement : si la
table des matières correspond en effet, pour sa plus longue partie,
à la liste des salles, chaque chapitre, donnons-leur ce nom faute de
mieux, fait la part belle à l'imagination, plus qu'il ne décrit la
salle – ce qui, en fait, est une autre manière de décrire ce lieu
voué à l'image. Déjà à la fin de l'introduction deux hommes et
une femmes, doubles gravettiens des trois inventeurs de 1994,
redécouvrent après 2500 ans la grotte oubliée de leurs ancêtres
aurignaciens (car avant le grand oubli de 30000 ans il y en avait
déjà eu un de 2500) :
« Oui mes
familles ! Les Ancêtres qui chantaient les oiseaux,
grandissaient les arbres, sifflaient les vents et couraient les
animaux, ils ont tracé là tous les Esprits-Souffles. A la rivière
Serpent Bleu. Pas juste un bison, pas juste un cheval, pas juste un
lion : tous, tous les Esprits-Souffles ! Comme nos
Vieux-Vieux-Vieux parlaient, avaient oublié où. »
Puis chaque salle est
l'objet d'une évocation imaginaire, consanguine et communicative, à
l'issue de laquelle je me suis rendu compte avec surprise que non, ce
n'était pas de la grotte Chauvet que je sortais mais juste du livre
de Nathalie Léger-Cresson, avec une furieuse envie d'y aller voir,
au moins en reconstitution puisqu'on préserve la grotte pour nos
descendants qui viendront 30000 ans après nous – on peut rêver,
et on ne s'en prive pas après une telle lecture.
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