J'ai tué tous mes ennemis, ensuite j'ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j'en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu'ils m'observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m'efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n'en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c'est un début, à présent je tiens à les faire mourir d'ennui.
Pierre Barrault, Tardigrade, L'arbre vengeur, 2016, p. 48.
Voilà, je fais exactement ce que je vous déconseille de faire : lire Tardigrade par fragments, en flânant au hasard parmi les pages, comme le caractère fragmentaire du texte pourrait y inviter le lecteur peu scrupuleux ; j'en connais. Car j'ai fait l'expérience de lire le livre entier dans l'ordre, en commençant par le début, après y avoir en effet musardé du temps où il n'était qu'un blog ; eh bien figurez-vous que c'est mieux dans l'ordre. Ne commencez pas par la page 48.
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