lundi 2 février 2015

ma langue-serpent


Et dans ma chambre aussi, ailleurs aussi, quelle qu’en ait été l’époque, j’ai toujours voulu dire ma langue, cette chose âpre et sèche qui réclame toujours un peu plus de liquide sinon à enfler dans ma bouche et à tenir toute la place dans mes bronches. Serpent qui me revient et qui mord désormais quand je ne le noie pas de vin ou d’alcool. Serpent d’estomac, nourri des restes du côlon, qu’en sais-je, et quelle importance cela a-t-il d’ailleurs, sinon à signifier que j’attends ma dose de pluie, bouche ouverte, et que de radioactivité elle se remplisse, qu’elle racle la colère, y mette le fuir jusqu’à devenir indépendante d’elle-même, de moi.

Catherine Ysmal, A vous tous, je rends la couronne, Quidam, 2014, p. 16-17.


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