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il
fait gris. d’un grand gris de canard. d’un froid de loup. gris. le ciel
est gris. est tout près d’être gris. gris et fermé.
l’automne est tout près. l’automne avec le jour qui recule. le jour
qui s’en va tôt à l’heure de l’apéro d’été. qui s’en va tôt dans un
moins de lumière et de chaleur. qui s’en va tôt dans une
ruine d’arbres roux. de mousses. d’écureuils. et de nuages froids
comme des loups. j’aime ça. cette froideur de loup. cette avancée de la
nuit de plus en plus grande dans le jour à pas de loup.
ce grand frais qui rampe jour en jour dans le roux. cette face de la
terre moins éclairée. cette face de la terre plus entrée dans ce froid
de loup. le loup qui chasse le canard. la nuit noire
qui chasse le jour de plus en plus court sur cette face de la terre.
cette face de la terre de plus en plus dans l’ombre d’elle-même. cette
face de la terre de plus en plus dans ce noir de canard
à pas de loup. ce froid qui rampe avec la brume à ras sur la terre.
ce raz qui rampe à brume froide et cette terre qui rentre dans l’ombre
d’elle. le ciel est gris. le ciel est tout près. le ciel
est tout près d’être gris. le ciel est ras la terre. le ciel est
fait comme un rat la terre. la terre est faite d’ombre ras la terre. le
ciel est fait. la terre est faite. l’ombre repousse.
l’ombre repousse la lumière ras la terre. le raz d’ombre repousse la
lumière à ras d’ombre ras la terre ( )
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et c’est du silence
impossible entendu
à moins que
peut-être
&
Fred Griot, book 0, éditions Dernier
Télégramme, 2013, p. 56-57.
PS : de mousses.d'écureuis. et de nuages froids + ce qui suit et précède = cliché, rien à en tirer. On dirait du sur-TVinau. Je dis : non. Je veux de la poésie dans mes hublots, pas du Royco.