mercredi 22 août 2012

je me sens bien


Le soleil monte sur la berge. Sur les troncs. Les taillis. Puis les branches. Les feuillages, qu’il finit par percer. Certaines de ses flèches commencent à arriver sur la surface de l’eau. Elles éclatent en cristaux de lumière. Éblouissent. Éclaboussent. Bondissent dans mes pupilles. Très vite, les reflets sont trop puissants. Je dois plisser les paupières. Presque fermer les yeux. L’eau est froide. Sombre et opaque comme une plaque d’or. Elle frémit à peine. J’étais réveillé si tôt que je me suis décidé à aller pêcher pendant que le jour se levait. Je me suis retrouvé là. Seul. Dans ce murmure de bêtes et d’eau. J’ai eu cette idée d’entrer dans l’eau à la manière d’un pêcheur à la mouche. Comme l’affiche au film Et au milieu coule une rivière. C’était beau. Romantique. Mais je ne pêche pas à la mouche. L’eau est glacée. Le soleil m’aveugle. Je me retrouve debout, les yeux fermés, au centre du courant. Cette scène n’a pas de sens. Je vais finir malade. Pourtant je me sens bien.
 
 Thomas Vinau, Ici ça va, Alma, 2012, p. 61-62.
 
Tout juste en librairie, le beau récit d’une reconstruction (intérieure et charpentière en même temps) par Thomas Vinau dont vous avez déjà lu, j’espère,  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (et si ça n’est pas encore fait celui-ci vient juste de sortir en 10/18). Curieuse impression de lire ce roman au temps arrêté (ou plutôt : ralenti, ramené à son juste flux) dans ce temps des excès qu’on appelle bizarrement rentrée littéraire. Ça fait du bien. On se sent bien, quoi.
La lecture de Jacques Josse sur Remue.net.
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