Le
soleil monte sur la berge. Sur les troncs. Les taillis. Puis les
branches. Les feuillages, qu’il finit par percer. Certaines
de ses flèches commencent à arriver sur la surface de l’eau. Elles
éclatent en cristaux de lumière. Éblouissent. Éclaboussent. Bondissent
dans mes pupilles. Très vite, les reflets sont trop
puissants. Je dois plisser les paupières. Presque fermer les yeux.
L’eau est froide. Sombre et opaque comme une plaque d’or. Elle frémit à
peine. J’étais réveillé si tôt que je me suis décidé à
aller pêcher pendant que le jour se levait. Je me suis retrouvé là.
Seul. Dans ce murmure de bêtes et d’eau. J’ai eu cette idée d’entrer
dans l’eau à la manière d’un pêcheur à la mouche. Comme
l’affiche au film Et au milieu coule une rivière. C’était
beau. Romantique. Mais je ne pêche pas à la mouche. L’eau est glacée. Le
soleil m’aveugle. Je me retrouve debout, les yeux
fermés, au centre du courant. Cette scène n’a pas de sens. Je vais
finir malade. Pourtant je me sens bien.
Thomas Vinau, Ici ça
va, Alma, 2012, p. 61-62.
Tout juste en librairie, le beau récit d’une reconstruction (intérieure et charpentière en même temps) par Thomas Vinau dont
vous avez déjà lu, j’espère, Nos cheveux blanchiront avec nos
yeux (et si ça n’est pas encore fait celui-ci vient juste
de sortir en 10/18). Curieuse impression de lire ce roman au temps
arrêté (ou plutôt : ralenti, ramené à son juste flux)
dans ce temps des excès qu’on appelle bizarrement rentrée littéraire. Ça fait du bien. On se sent bien, quoi.
La lecture de Jacques Josse sur Remue.net.
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