Il y avait longtemps, trop, que je n’avais pas lu un livre de Derek Munn. Je viens de le croiser de nouveau, à St Margaret’s Road, qui est paru tout récemment aux éditions L’ire des marges. Le sujet en est au prime abord d’une simplicité extrême : « Un homme, veuf depuis peu, devient auxiliaire de nuit dans un hôpital psychiatrique. Il y rencontre Clare, une jeune patiente. Dans la nuit de l’hôpital, ils se parlent. » (Oui : je recopie la quatrième.)
S’il y a beaucoup de non-dit dans ce roman, c’est parce que tout ne peut pas être dit ; il n’est pas possible de saisir tout. C’est le cas pour le narrateur, qui peine à trouver du sens à ce qu’il fait, et dont on suit la pensée au gré d’une phrase qui se rallonge, se rallonge encore, dans une extrême simplicité, tout simplement parce que le temps continue de passer avec elle. Ça l’est sans doute encore davantage pour Clare, son interlocutrice nocturne, au discours souvent marqué d’un blanc qui n’est pas que typographique – il est aussi typographique. Leur dialogue se confondrait presque ; l’auteur évite de préciser qui parle, gomme la ponctuation traditionnelle du dialogue ; seul le retour à la ligne guide encore le lecteur. C’est qu’il y a entre ces deux-là une sorte d’élection réciproque : pour chacun d’eux quelque doit advenir, issu de ces échanges pourtant si lacunaires. Dire quoi serait trop dire ; on s’en abstiendra. Ce qui est clair (ce qui est Clare), c’est que St Margaret’s Road est la scène d’une muette tragédie.
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