lundi 22 avril 2024

Le Contrat, par Franz Franquin et André Kafka, épisode 23

Après tout, ce n’était pas pour signer le contrat, que Monsieur Witz avait invité Messerschmied : c’était pour visiter un chantier. Visiter le chantier de la maison Brunnen n’engageait à rien. Et puis, pour le contrat, Messerschmied était libre de changer d’avis. Messerschmied était libre, et libre d’aller où il voulait. D’ailleurs, Messerschmied aimait bien les chantiers. Il s’y sentait à l’aise. Voir les choses en train de se faire, avant qu’elles n’existent vraiment ; il y avait là quelque chose de presque émouvant. D’ailleurs il était impressionnant, ce chantier de la maison Brunnen. Messerschmied avait craint un instant d’être à nouveau un objet possible de dérision lorsque Monsieur Witz avait insisté pour qu’il mît un casque, mais comme lui-même s’en était coiffé, et que Messerschmied avait encore en mémoire ses mésaventures récentes liées aux lois de la gravité, il se résolut à porter le casque que lui tendait Monsieur Witz – d’ailleurs tout le monde en portait – et n’y pensa plus. Monsieur Witz se gardait bien de parler du contrat, mais tout ce que voyait Messerschmied et qui attestait de la solidité de la maison Brunnen finit par le convaincre que, décidément, ce serait trop dommage de ne pas signer ce contrat. Il s’en ouvrit à Monsieur Witz au moment de le saluer, et au moment de le saluer, juste le temps de le saluer, il retira son casque.

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