Enfant, je ne croyais pas que j’atteindrais l’adolescence, je ne m’imaginais pas vivre au-delà de douze ans. Je n’ai jamais passé plus de deux mois d’affilé hors de l’Île-de-France de toute ma vie. J’ai peut-être parlé sans le savoir avec quelqu’un qui a tué quelqu’un. Je suis souvent un peu dérangé quand on m’appelle par mon nom, mais je le serais encore plus si on m’appelait par un autre. Je suis lent à comprendre ce qu’on me veut, j’ai du mal à imaginer qu’on me veuille quelque chose. Je n’ai jamais croisé de près, jusqu’à un âge avancé, une personne qui ait la moindre notoriété. La compétition ne me stimule pas. Je ne crois pas être devenu réactionnaire en prenant de l’âge, j’ai plutôt l’impression du contraire. Quand quelqu’un pousse un cri et que je suis surpris, j’ai mal aux tendons derrière les genoux. En lisant Autoportrait d’Édouard Levé, je me suis dit qu’on devrait tous écrire un autoportrait à la manière d’Édouard Levé, quitte à recopier textuellement certaines de ses phrases si elles sont valables pour soi, et à s’en démarquer quand elles ne le sont pas.
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